Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21 juillet 2010

saints dans l'incendie *

il y avait pluie sur les petits pavés, rougeurs sur sa peau, comme urticaire. Ils décidèrent de quitter le centre ville sur deux vélos volés. Ils pédalèrent fort pour laisser au plus vite derrière eux le marchand de bicyclettes d'abord, les quelques restaurants trop pleins, les enseignes bruyantes et vulgaires car trop fluos. Il fallut peu de temps pour que les immeubles deviennent de sombres lépreux, plutôt violets d'ailleurs, les cours, des entrailles que l'on tremblait à pénétrer. Non qu'elles aient abrité quelque véritable danger, mais c'est qu'elles entouraient de leur gros bras de pierre, de petits groupes d'âmes en peine, de vrais hommes, enfin quelque chose de consistant, qu'ils n'auraient jamais aimé voir se dissoudre par la seule raison de leur traversée en VTT.
Ils roulaient donc dans les allées larges, secoués par les chaussées irrégulières, jetant des coups d'œils furtifs à ce que les porches dégradés laissaient entrevoir. Soit, de grands terrains vagues pareils à ceux qu'ils avaient longtemps dessinés dans leurs têtes, enfants.
Une sonnerie puis une autre stoppa net la promenade. Le combiné en plastique répétait le message : une voix qu'ils connaissaient bien avait commencé de pleurer, tout à fait autre part, dans leur vraie ville à eux, une voix amie dont ils avaient soudain honte de s'être tenus loin aussi longtemps.

Le retour en vélo se fit dans l'incendie, mais quand même. La nuit imprimait un calme très nouveau sur les mêmes routes, les mêmes immeubles. Ils songèrent aux temps anciens, durant lesquels au coucher du soleil, chacun se devait de rentrer chez lui, et de rapprocher comme des agneaux, tous les enfants près du poêle.

Les commentaires sont fermés.