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05 janvier 2011

qui ment

 J’avais pas posé mes valises depuis trois quart d’heures à l’Hotel du lac, que je redécollais, bille en tête, sacoche croisant la poitrine, veste  en velours, pâtes d’éléphant, moustache et cheveux qui chatouillent les épaules, en route vers l’aventure. Derrière moi  j’avais laissé ma mère dans sa cuisine, ne terminant pas de me préparer un casse-croute pour le voyage. Je lui disais, maman ça va, j’ai vingt ans maintenant et Le Havre Paris, je devrais pas mourir de faim quand même. Mais elle faisait des petits pains, des petits tas avec les fruits, des petits paquets avec les gâteaux, et elle répétait que si je ne les mangeait pas dans le train, ce serait pas perdu de toutes façons.J’avais laissé ma mère dans la cuisine et mon père dans le salon. Fixant le poste de radio pour faire semblant que le son ça se regarde alors qu’un fils qui part ça se regarde pas.
J’avais laissé tout ça derrière moi et je remontais la rue Saint Denis. Les putes en fin de service me faisaient l’œil malin mais sans imaginer une seconde que je pourrais m’arrêter pour quoi que soit, je les aurais bien pris entre quatre yeux pour leur expliquer que j’étais plus puceau depuis des lustres, mais comme je n’en étais pas très certain moi même, j’ai pas osé.

Commentaires

Je ne peux plus lire vos textes sans entendre votre voix...et c'est tant mieux.

Écrit par : seb | 05 janvier 2011

C'est pas pour contredire, mais j'ai ressenti exactement le contraire (de Seb) pour ce texte-là : la voix de Marie qui raconte les émois d'un jeune homme, ça fait bizarre – même en essayant de prendre une voix un peu virile, peine perdue.

Écrit par : Serval | 07 janvier 2011

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