22 juillet 2012
approche toi
Elles ont sept fois notre âge. Leur mini jupes sont usées mais ce n’est pas de la vieillesse, c’est qu’elles les ont trop mises. Elles n’ont pas dormi pendant des nuits si blanches, qu’on aurait dessiné dessus. Des corps en sueur, attrapés par les peaux, la nuque, le sein gauche, la fesse droite. A trois heures du matin, des orgasmes en veux-tu en voilà. Et synchrones de surcroit.
De la révolution, en veux-tu voilà, à toute les échelles et sans discours.
Elles nous font nous asseoir et pas sur leurs genoux. Elles disent, « Approche toi avec ta petite robe à carreaux bien sages, je vais te raconter comment on s’est énervé avant et comment ça ferait du bien de vous voir prendre la relève. »
Je vais te raconter, que nous avions au bout des lèvres des tonnes d’explosifs, et qu’en les prenant à pleine bouche, on leur faisait passer l’envie de nous réduire.
Les hommes, il fallait en faire des frères d’armes et d’amour. Vous, vous les regardez de trop loin désormais. Vous devriez creuser des sous sols pour aller jusqu’à eux, au bulldozer, à la fourchette, avec la rage, avec les ongles s’il le faut. C’est le malheur qui les rend cons.
Elles ont sept fois notre âge. La langue elles l’ont tourné mille fois dans le palais avant de parler, maintenant, elles font silence dans les dorures, mais leurs yeux n’en pensent pas moins. Et quand on va au salon, et que je continue à la tisane, elles se servent un whisky de guerrero et commencent à te faire l’article. Elles appelaient leurs prises de parole, résistance 1, résistance 2, résistance 3. Elles ont de la bouteille entre les cuisses, et sur les épaules. Nous on boit leurs mots comme du petit lait caillé. La méfiance on l’exercera plus tard.
Qu’est-ce qu’on va leur jouer pour les faire danser, ce soir ? A quoi ressembleront nos rides. Notre espoir. Nos vingt ans, devenu trente. Quels genre de larmes, on va déposer à la place des armes ? Elles ont sept fois notre âge, on met nos pas dans les traces des leurs, même si on ne les voit presque plus.
19:11 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
magnifique! merci!
Écrit par : LaTourvel | 26 juillet 2012
les années passent, ton souvenir s'estompe mais quand tu écris, c'est toujours aussi beau
Écrit par : antoine | 26 juillet 2012
Merci à vous pour votre enthousiasme !
Bel été.
MR
Écrit par : mariemarie | 26 juillet 2012
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