12 mars 2013
tu dis rien tu promets
Je ne demande rien quand elle monte dans la voiture. Je la laisse s’attacher. Je patiente, jusqu’à ce qu’elle dise un « ouais » enroué, et qu’elle s’attache. Je démarre. Sans rien. Rien que le bruit des pièces mécaniques sur les pièces mécaniques. Mes roues sur la route déglinguée. L’attente de la quatre voies. Ma cuisse qui se contracte en débrayant. Mon poignet relâché sur le pignon des vitesses. Les bouteilles qui roulent dans le coffre au moindre virage. Je n’ai rien à foutre ici. A cette heure ici. Avec elle. Je ne mets pourtant aucune rudesse dans mes gestes. Je n’en rajoute pas. Je ne la regarde pas. Mais je la sens. Et l’on peut dire ce que l’on veut, même à une heure tardive comme celle-ci, même si je sors tout droit du sommeil, qu’elle n’a pas regardé sa montre avant de décrocher son téléphone, ou que, si, au contraire, elle l’a regardée, et qu’il lui est apparu qu’à une heure pareille, j’étais le seul à pouvoir être réveillé, bref, on peut dire ce que l’on veut, elle est à côté de moi dans cette bagnole pourrie sans assurance et je la sens.
Elle renifle ses larmes le plus silencieusement du monde. Elle voudrait rattraper ses larmes, les remettre à l’intérieur, comme on récupère l’eau de pluie pour arroser des plantes. Elle voudrait accélérer le rythme, me demander d’accélérer aussi. Pour qu’à la prochaine sortie on soit déjà demain.
Les gouttes d’eau salée font des petites routes sur le haut de sa joue, je les vois pas mais je sais. Elles se plient ensuite pour passer sous le menton, et dans le cou, et jusque dans la clavicule. Je le vois pas mais je le sais. Elle renifle ses larmes le plus silencieusement du monde. Je prends la prochaine sortie. On est déjà demain, et comme promis je n’ai rien dit.
10:15 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
ô que c'est bô, je reviendra encor encor
Écrit par : bal m | 04 avril 2013
Les commentaires sont fermés.