09 juin 2013
creuse la pierre
J'ai maudit, machinalement, le sort inique qui m'avait livré des choses sans explication ou des explications sans les choses assorties, imposé des fréquentations superflues, ennuyeuses, et privé jusqu'à la fin et au delà, de celles qu'il aurait fallu.
Elles détenaient la réponse.
Mieux, elles auraient ratifié, légitimé, des questions que je me posais et qui, de rester sans echo, m'avaient fait craindre d'avoir la cervelle dérangée, de ressembler, à ma manière bénigne et contenue, puérile, au fou furieux du fisc.
Et puis j'ai songé que j'avais lieu de me tenir heureux que l'explication me soit livrée enfin. C'est que le temps ne passe pas vraiment. Il persiste en nous, à proportion de ce qu'on n'a pu lui être présent dans toute la mesure où cela se pouvait, où on le voulait, quand c'était le moment.
Des choses nous ont nui pour garder leur secret. Elles ne nous ont pas dit quelles elles étaient.
Et alors on n'a pu être soi-même.
Une part de ce qui nous affecte et en quoi, par suite, on consiste,
est restée entre leurs mains et nous a donc manqué, diminués.
____ GEOLOGIES___PIERRE BERGOUNIOUX__ page 43-44 ( miam )
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