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22 août 2013

cahier du retour. extrait.

Nous eûmes l’hiver froid en banderole de souvenirs,
brodés comme mille coussins que les vierges portent en pieta
le soir des
processions nous eûmes des souvenirs glaçants, glacés, qui ne se figeaient pas,
c’était gros à tenir pour un seul flanc de montagne, et dans le maquis, là,
où s’étaient fait tirés de jeunes soldats morts pour la France, à nos enfants morts pour la France, ça veut dire exactement quoi ? et à Porta, population reconnaissante, nous eûmes des élans d’amour aux abords des fontaines, que rien ne contenaient, sinon le petit verre laissé,
pour le berger, pour le berger, les chèvres chevrotaient
nous eûmes les larmes aux yeux à l’heure de tremper nos sexes dans le
torrent qui vient d’en haut.
Nous eûmes tout ceci, et le soir, pris dans le fantomatique sommeil qui
s’abat comme on coupe la tête, nous eûmes le cerveau dans l’étau d’une
vieille histoire, et la croyance selon laquelle, il est faisable, il est possible, de s’endormir amis.

Nous eûmes des relents.
Des images.
Des estomacs vendus en charcuterie pendus la veille.
Au dessus du feu,
au dessus des roches,
au dessus des chevaux qu’un âne avait baisé gratos,
et qui quémandaient, près d’un sceau violet, de quoi remplir la panse
et ruminer la saison.
Nous eûmes le sentiment confus.
Nous eûmes le riz en travers de la gorge.
Nous eûmes la silhouette gris chiné, ( j’aime tant ton déguisement, que je
t’en coudrais cent, pour ne jamais pleurer )
Nous eûmes la certitude que pour une fois, le chantier dégueulasse était
entre nos mains, et qu’il fallait, au mieux,
rajouter une boite aux vitesses, rajouter du cuir au fauteuil, rajouter de
l’eau pour la roue, et éteindre nos voix.

je t'aime nouveau nouveau renouvelé.

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