14 avril 2014
tiens voilà donc, lundi soir.
Ça coincera toujours tant que l’on entendra « théorie psychanalytique » à la place d’expérience de l’analyse. Tant que l’on entendra « théorie psychanalytique », s’inviteront les enjeux de pouvoir, les divisions de chapelle, de département, de courant, d’histoire. De quoi encore ?
Tant que ceux qui font circuler la connaissance de la psychanalyse, concentrent leur transmission sur l’idée d’un savoir pouvant expliquer l’homme, et non sur un savoir ( mouvant ) pouvant soutenir l’écoute d’un homme par un autre, alors il n’y a aucune raison que la psychanalyse, en tant qu’espace réservé à la parole qui manque tant, ne soit d’une part, vécu comme ouvert et démocratique, d’autre part, ne continue pas à cliver.
C’est un mystère ce que l’évocation de l’analyse cristallise encore comme violence.
De quoi parle-t-on enfin ? D’une prise de liberté progressive, lente, délicate, par l’expérience singulière d’une parole, vis-à-vis d’un vécu, d’une identité, et l’accroissement de l’espace du sujet, qui est un espace de choix. De savoir, donc de choix.
Les théories qui furent écrites et le sont encore, ne peuvent et ne pourront jamais agir comme des grilles. Elles sont des points clignotants dans l’esprit de celui qui écoute. Elles se signalent à lui, en tant qu’outils, pour appréhender des cas, offrir du sens. Point barre. De quoi a-t-on peur ? Si l’on replaçait véritablement l’écoute, la véritable écoute ( là est la plus grande subversion) , et la parole du sujet au cœur de l’expérience psychanalytique, mais surtout au cœur du discours qui parle de l’analyse, on cesserait de lui faire cette mauvaise presse qui prive tant de personnes du soin.
Pourquoi ne pas parler simplement, sans nourrir ni un mystère érotisant, ni une angoisse infondée, de ce que l’on gagne ( et gagnerait collectivement ) en disposant d’un endroit pour se penser ? Pourquoi continuer d’en faire un luxe ?
Il est ahurissant de constater l’hystérisation des positions dans lesquelles se tiennent les uns et les autres, pour ou contre la psychanalyse. Comment peut-on être pour ou contre ? Comment peut-on statuer globalement, sur un espace qui se définit non seulement entre deux individus, le patient et le soignant, mais se redéfinit en permanence, au cours des séances, suivant l’évolution des sujets qui s’y engagent ? Comment peut-on être pour ou contre quelque chose que l’on ne pourra jamais englober ? Quelle farce est-ce de dire cela ? L’inconscient n’est, au fond, pas un territoire connu. Il est connaissable. Explorable. Et c’est une porte ouverte qui permet de se penser de plus en plus pleinement.
Quelle farce est-ce de ne pas enfin construire durablement la collaboration pacifique, pacifiée, bénéfique, qui peut exister entre tous ceux et celles, qui travaillent, cherchent, avancent, des connaissances et des dispositifs visant au bien être, au soin, à la réparation des individus. Quelle farce est-ce de se priver d’outils sérieux sous prétexte de frontières entre disciplines incompatibles ? Que ne réunissons-nous pas nos forces pour garantir, puisque le thème est brûlant, à la fois l’autonomisation des enfants et adolescents autistes, AINSI ( sinon cela n’a absolument aucun sens ) que la prise en compte et la consolidation de leurs positions de sujet, dans le monde qu’ils habitent, et qui est le nôtre et qui est le leur ? Comment peut-on, devant des parents désemparés et des enfants souvent mal, opposer encore les deux approches ? Quel est exactement l’enjeu pour que des « partisans » de méthodes opposées ne puissent pas être dans la même pièce ( expression entendue ) ? Qu’est-ce qui se cache sous cette crispation ?
Qu’attendons-nous - changement de sujet - face à l’augmentation des solitudes urbaines et solitudes tout court, face à la prescription en masse des psychotropes, face à l’augmentation des maladies professionnelles … pour enfin rendre accessibles les psychothérapies ou psychanalyse, et rembourser une base conséquente de leur coût, sinon tout ?
Pourquoi ne pas considérer que l’individu, quel que soit son état, est un appareil complexe, vivant, changeant, inventif, et que tout savoir, toute idée de soin se voulant définitif ou exhaustifsà son endroit, achoppe devant lui. Et c’est tant mieux. Il faut organiser, financièrement, politiquement, et dans le discours, une souplesse qui garantit à chacun le respect des droits qui sont les siens et la possibilité toujours accrue de se libérer dans l’existence. Le reste n’est que temps perdu et batailles de pouvoir.
22:27 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
on va dire que d'accord, pas d'accord, ça n'a aucun intérêt... On va dire que le sujet de cette note n'a pas forcément été bien compris ou appréhendé... fait-il référence à l'émission de cette près-midi? par pu l'écouter... donc commentaire peut-être à côté de la plaque... On va dire que cette note a cependant été lue avec intérêt, que 80 % de ce qu'elle dit pourrait être repris à son compte et que ce commentaire donc n'a pour but de que d'exprimer la pensée, en dehors de toute chapelle, de toute école, d'une personne singuiière, qui est venu tardivement, trop tardivement, à l'analyse mais plus tôt cela n'était pas possible et qui après avoir joui de ses bénéfices pendant plusieurs années a eu envie de devenir analyste et de se former à la théorie psychanalytique et le fait avec bonheur afin de garantir l'assise d'un savoir à une écoute qui ne s'y réduira pas...
Au risque de choquer je crois que l'analyse est un luxe, sans vouloir faire un sophisme elle est peut-être le seul luxe auquel on tende par nécessité, dans le sens où elle ne se prescrit pas, où elle n'est accessible qu'au terme d'un chemin qui est forcément celui de la solitude et de la liberté qui seules président au choix d'entamer un tel parcours
elle n'est pas non plus un soin, même si elle guérit et l'analyste n'est pas un soignant...enfin l’inconscient n'est explorable que si on admet que cette exploration ne nous mène vers aucun savoir sur lequel nous appuyer et que ce sur quoi nous nous appuyons alors n'est que le renoncement au savoir et l'acceptation qu'en définitive, il manquera toujours...
Écrit par : mirabelleville | 14 avril 2014
à mon tour de souscrire à 100% à ce que vous écrivez !
Marie.
Écrit par : marie marie | 15 avril 2014
Merci! Car mis à plat ainsi, je comprends mieux l'enjeu de la question (la question "où est le problème?" et "pourquoi il est vain d'inventer ce problème?"), enjeu que j'avais jusqu'alors régulièrement du mal à saisir dans les bribes de conversations et/ou autour de la table de PLPDC.
Écrit par : Inès | 14 mai 2014
Je vous approuve pour votre exercice. c'est un vrai état d'écriture. Continuez .
Écrit par : MichelB | 13 août 2014
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