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26 juin 2014

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1. Le vent se leva dans la nuit et emporta tous nos projets.

(Proverbe chinois)

5. Raconter des histoires parmi les pauvres a un secret : les histoires sont racontées pour qu’on puisse les écouter ailleurs, où quelqu’un, ou peut-être une foule de gens, sait mieux que le conteur ou que les protagonistes de l’histoire ce que la vie veut dire. Les puissants ne peuvent pas raconter d’histoires : les forfanteries sont le contraire des histoires, et toute histoire, même si elle est timide, doit être sans peur : or les puissants vivent aujourd’hui les nerfs tendus.

Une histoire renvoie la vie au jugement d’un autre juge dont la sentence est plus définitive et qui se trouve très loin du lieu où se raconte l’histoire. Ce juge peut se situer dans l’avenir, ou encore dans un passé qui est encore attentif, ou encore par-delà les montagnes où la chance du jour a changé (les pauvres doivent souvent parler de bonne ou de mauvaise chance), si bien que les derniers sont devenus les premiers (1).

Le temps de l’histoire (le temps à l’intérieur de l’histoire) n’est pas un temps linéaire. Les vivants et les morts se rencontrent, s’écoutent et se jugent à l’intérieur de ce temps, et plus on a l’impression d’un grand nombre d’auditeurs, plus l’histoire devient intime pour chacun d’entre eux. Les histoires sont une manière de croire que la justice est imminente, et cette croyance peut à tout moment mettre aux prises avec une extraordinaire férocité enfants, femmes et hommes. C’est pourquoi les tyrans redoutent les histoires : toutes, d’une certaine manière, renvoient à celle de leur chute.

10. Les multitudes ont des réponses à des questions qui n’ont pas encore été posées et la capacité de survivre aux murs. Ce soir, avec deux doigts, suis le tracé de ses cheveux avant de t’endormir.

john berger

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