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10 février 2015

( 12 octobre 2014 )

Chère My

voici un premier texte écrit ce matin, sans lire tes notes. sans aller chercher dans le dictionnaire. et sans revoir la vidéo de la danse.

disons que c'est mon premier geste. une façon de me mettre de plein pied avec "notre" sujet. il me reste tant de choses à dire sur ce que toi et N vous trouvez dans le noir.Bon. donc c'est à suivre, mais ce premier texte, un petit texte du dimanche, c'est une bonne intro pour moi. 

ensuite il m'est venu que ce pourrait être intéressante de faire entendre des morceaux de radio, en les rejouant, ou relisant, et en inversant les rôles. juste pour souligner et faire entendre que la pensée circule. la parole c'est la notre au sens très collectif du terme. 
je crois aussi, puisque la pensée ou toute cette histoire a à voir pour moi avec un noir très lumineux et très plastique, je crois aussi qu'il faut chanter à capella. c'est évident. parce que le chant, c'est dans cette matière que ça se creuse.je continue de rassembler mes petits cailloux. 
on s'en reparle en décembre j'imagine

voici le petit texte. 

je t'embrasse : 

 

Je crois que je ne sais pas ce qu’est la psyché. Ou l’âme. Ou l’aura. 
en revanche j’apprivoise de plus en plus ce que serait la pensée, et tout le rapport qu’elle entretient avec le mouvement. 
il y a une trajectoire incessante vers l'origine. l'énergie que nous déployons à faire ce que l'on appelle "penser" je la rapproche d'une question qui n'aura jamais sa réponse, et qui questionne un point nul, un infini. un archaïque.
il y aurait une question perpétuellement adressée à l'origine, elle nous mettrait en mouvement, et nous mettrait d'autant plus en mouvement qu'elle n'aurait évidemment jamais satisfaction. cette question aurait ses heures. ses possibilités d'affleurement. et il y aurait comme des heures calmes, non trouées à travers lesquelles le noir infini de cette question ne pourrait pas passer. 
il y aurait des heures calmes et peut être aussi des êtres calmes. des êtres plus ou moins troués, donc plus ou moins en contact avec le noir infini de l'origine qui ne dit jamais son nom, ne donne jamais son image, ne prononce jamais sa résolution. 
je pense que ce noir-là, qui est à la fois un vide, à la fois une puissance sans limite générant du mouvement, je pense que ce noir se glisse dans toutes les failles. il se laisse voir, et laisse aussi apparaître le chemin jusqu'à lui. il se glisse comme la lumière du soleil se glisse dans le bois fendu. 
dés lors qu'il est inatteignable, il y a sur le chemin de lui des tas de danses "en attendant," ou des tas de danses au dessus de l'abîme. ces danses disent "je tends vers mon origine, ou une origine, que je n'atteins jamais, mais cette tension est l'abscisse et l'ordonnée de ma danse".
ces danses disent l'irrésolu. elles disent que l'on peut se lier avec quelque chose qui n'existera pas devant nos yeux, mais qui continuera de battre sous nos peaux. en dessous de nos pieds. à l'intérieur de nos pieds. 
alors quand tu demandes danse et psyché et que je réponds danse et pensée ( en espérant que l'on parle de la même chose ) je désigne des moments de spectatrice, où je sens que ce qui est ouvert pour moi, et peut être aussi pour celle qui danse devant nous, c'est cet espace de liaison où la question infinie, et infiniment adressée à l'origine, elle-même danse. La question danse.  
c'est cette seule et grande interrogation ( le mot est trop langagier pour convenir mais je n'ai que celui là ), qui trouve des sous-tiroirs, dans tout ce que nous faisons, est à la fois la danse, à la fois le feu qui nourrit la danse. et c'est cette instabilité, heureuse certainement, qui fait que l'on met quelque chose dans le trou qui s'ouvre sous nos pieds, qui serait la pensée. 

 

photo 3.JPG

Commentaires

Je n'arrive pas à retrouver l'auteur de cette peinture, ni le lien qui m'a permis de la trouver, peut-être quelqu'un pourra t'il l'identifier. En tous les cas, je trouve qu'elle va très bien avec ce texte. J'ai quand même un indice, je l'ai enregistrée alors que je cherchais une illustration pour un texte sur Dante, La divine comédie, le paradis.

https://misquette.wordpress.com/2014/12/22/124-la-divine-poesie/

Écrit par : misquette | 10 février 2015

Beau texte. La danse comme lieux s'ouvrant dans les gestes et faisant passage de l'origine en soi, vers soi, vers le "spectateur".
Et la pensée - au même titre que voir est un geste - n'est-elle pas, succédant sans cesse à elle-même, une forme de danse. Danse avec ses lents mouvements, ses élans, ses butées, ses chutes, ses reprises, ...

Écrit par : AD | 11 février 2015

Une lecture qui convoque certaines images précises de la danse augmentée qui avait été faite en janvier.
C'était une expérience si puissante, du regard, et de quelque chose encore plus à l'intérieur du corps de celui qui regardait.
C'était un moment qui nous a fait accéder à un remuement intérieur, flou. Cette occasion lue me fait retenter (encore!) de mettre en mot cette expérience vécue...

Écrit par : Inès | 22 mars 2015

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