28 août 2015
la caresse bleue de la vague
mais, après tout, qu’est-ce qu’une nuit? Un espace bien court, surtout lorsque l’obscurité s’atténue si vite, qu’on entend si tôt chanter un oiseau, croasser une corneille, ou qu’on voit s’aviver faiblement, au fond d’une vague, un vert pâle semblable à celui d’une feuille naissante.
La nuit cependant succède à la nuit. L’hiver en possède un paquet dans son magasin et les sort d’un mouvement égal et mesuré, avec des doigts infatigables. Elles s’allongent ; elles s’obscurcissent. Certaines d’entre elles suspendent là-haut de claires planètes, plaques étincelantes. Les arbres automnaux, tout ravagés qu’ils soient, connaissent l’éclat qui parcourt quelquefois les drapeaux en haillons dans l’obscurité fraîche des caveaux de cathédrales où des lettres d’or sur des pages de marbre parlent de mort sur le champ de bataille
et d’ossements blanchis et consumés bien loin, là-bas, sur les sables de l’Inde. Les arbres automnaux brillent dans le jeune clair de lune, le clair de lune des moissons qui donne sa plénitude heureuse à l’énergie du travailleur, étend sa douceur sur l’aspérité du chaume et apporte au rivage la caresse bleue de la vague.
16:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : virginia woolf
Commentaires
Bonjour, je lis avec régal et plaisir sablé votre blog, de manière irrégulière mais en y revenant toujours.
Voici ce que cela m'a inspiré : http://chezliseron.com/2015/09/02/marie-richeux/
Écrit par : liseron | 02 septembre 2015
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