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21 avril 2016

_ rendre son regard

« Dans la forêt il faut toujours dormir sur le dos, visage découvert, explique Juanicu à l’anthropologue Eduardo Kohn qu’il guide. Si l’on dort ainsi, on est vu par le jaguar qui rôde comme « un soi », parce que l’on peut, dans cette position, rendre son regard au jaguar. Le jaguar me reconnaît symétriquement en tant que «  soi comme lui-même », et me laisse ainsi tranquille. Mais si l’on dort sur le ventre, visage caché, alors on est vu par le jaguar comme de la viande, et ce dernier n’hésite pas à attaquer. L’identité de l’humain (« soi » ou viande) change en fonction du regard que le jaguar porte sur lui. La manière dont les autres types d’être nous voient importe. Elle change les choses ." 

 

 

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* morizot

Commentaires

Et bien ... trop cool ce lien vers wildproject. Moi qui jusqu'à présent avait connu Jean Malaurie avec ces "derniers rois de Thulée" chez Plon-Collection Terre Humaine ou Archie Fire Lam Deer avec son"Cercle sacré" chez Albin Michel-Collection Espace Libre ou la musique de l'Azawad à travers l'album "Amachal" du groupe Toumast ou, ou ou ...
P....n pourquoi toutes ces "petites cultures" de nomades ou en tous cas de "non-mégalopoliens" sont toujours aussi peu connues. Connues et non pas consommées (pour faire la différence, le livre de François Jullien "Le pont des singes" est éclairant). En tous cas d'autres journalistes que vous devraient mettre en lien informatique de telles infos, pour construire le rhizome intellectuel nécessaire pour résister au rouleau compresseur de la mondialisation consumériste.
Si le premier ministre canadien Justin Trudeau est intelligent et véritablement libéral, le "magazine de la rédaction de Tara Schlegel" du 22 avril 2016 sur les peuples autochtones du Canada nous a éclairé un peu plus sur la voie que nos civilisations peuvent prendre dans le futur: "de l'eau qui sort d'un mur ? Est-ce la marque d'une civilisation ultime ou d'un choc ?" et à Madagascar, en 1992, le paysan que j'ai filmé et qui se cherchait sur la bande magnétique de mon caméscope Canon a été l'illustration patente de ce choc. Moi qui pense aux caméscope actuels qui enregistrent sur des puces nanotechnologiques, je suis sous le choc de cette technologie. Suis-je le même que ce malgache ou cet amérindien étonné par l'eau qui sort d'un mur ? Oui si je ne me pense pas comme un élément d'un tout où chacun et chaque chose doit avoir librement une place. Le problème de ce choc chez le prototype de l'homme occidental, c'est qu'il est à sens unique: moi, individu occidental consumériste je ne m'ébranle pas et je laisse à l'autre la responsabilité d'encaisser l'intégralité du choc.
Blaise Pascal nous a prévenu: on casse.
"Un boeuf dans la tempête", joli titre dont les conséquences poétiques ne font que commencer...

Écrit par : François | 23 avril 2016

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