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01 février 2013

rageux rebouteux remonter les genoux

 

Avant c’était un mur contre lequel on jouait à la balle. Un mur dur, peint en bleu, contre lequel nous envoyions cogner toutes sortes d’objets ronds. Avant ici, on riait. Avant nous étions enfants et la guerre n’était pas la même. Si tu regardes dans le coin, tu te souviendras que nous construisions de nos mains de petits châteaux de sable, sur lequel personne n’aurait osé souffler, et ces batards ont marché dessus en godillots.



Il est fou de rage. Son bras s’abat, ses muscles lourds se laissent choir comme du plomb, il lance, et nous n’avons pas vu ce qu’il lance, il est dans la fumée rose, il veut faire croire que sa colère est muette.
Mais on le connaît. Ses joues rondes qui pointent au dessous de la barbe, la chemise entrée dans le pantalon pour ravir sa mère, son bandeau de tissu pour tenir les cheveux qu’il a laissé pousser. On le connaît, on sait comment il boue.
Sa rage c’est la notre et si elle est rose c’est qu’elle est pourrie et radioactive. On vous aurait fait imprimer un carton d’invitation pour notre belle émeute du cœur, vous ne seriez pas venus,  alors on a commencé la fête sans vous. On a fait pété les fusées solaires, on a fait déborder la piscine et on a même brûlé les livres en pleurant.

 

Avant c’était un mur contre lequel on jouait à la balle. Un mur dur, peint en bleu, contre lequel nous envoyions cogner toutes sorte d’objets ronds en dansant. Aujourd’hui il n’y a que la fumée pour danser. Le mur est monté trop haut.


romain bernini  lonely riot