01 novembre 2010
lorsque tu soulignes au crayon noir tes jolis yeux
La nationale la plus rectiligne du territoire français. Les platanes qui vont avec. La nuit. Très noire. Très compacte. Chocolatée. Une légère brume qui assoit l’ambiance. Le moteur dit combien on est seul. Les bandes blanches au sol autorisent ou interdisent à tour de rôle de doubler les voitures. Voitures qui de toutes façons ne sont pas là. Les platanes font comme un lit à barreau à travers lequel il serait tentant de passer, mais c’est interdit. Il faut rouler droit. En dehors des lignes c’est la nature. Il ne faut pas faire intrusion. Il ne faut pas déranger la nature sauvage, qui ne dort jamais, surtout quand vous roulez.
Votre pied enfonce la pédale. Ca blesse. Les freins crissent. Les pneus arrachent le sol, se débattent. Le bitume est brûlant. La biche vous regarde. Essoufflée. Elle est petite face à votre capot. Vous êtes tout petit face à elle. Le moteur respire fort. Qui est le plus apeuré des deux ?
L’animal, beauté soulignée par vos phares, reste statue, comme empaillée, le temps que vous repreniez votre souffle. Entre vos deux paires d’yeux, c’est l’éclair, la rencontre électrique. Et puis elle disparaît, dans un galop céleste, dans la nuit brumeuse et fraiche.
Demain, tout à l’heure, plus tard, vous ne serez plus certain de l’avoir vu.
19:56 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
(elle, elle aura oublié, c'est son drame)
Écrit par : PhilippeC | 08 novembre 2010
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