12 novembre 2010
faire mouche
Il est dix heures du matin. Tout est rangé. La vaisselle goutte tranquillement sur le tapis en mousse savamment étudié pour absorber le surplus. L’aspirateur ronfle dans le placard à produits. Le linge des enfants, est devant la porte. Un léger sifflement laisse présager que quelque chose boue dans la cuisine. La température est idéale. Dehors il fait frais, dedans il fait bon. Tout est équilibré, au milieu, tout est serein pour ne pas dire tiède. Elle a fait son boulot, coché toute les cases, c’est une bonne mère de famille. Elle a le droit de s’évader un peu.
Elle ôte ses deux chaussons au pied du tapis. Retresse ses cheveux d’une main habile et attrape un livre de l’autre. La véranda est baignée de lumière. La véranda n’est que vitres transparentes.
Soudain, le bruit d’une mouche. C’est rien le bruit d’une mouche. Mais la mouche veut sortir. Elle bourdonne, comme on trépigne. Elle se cogne, une fois puis deux, puis dix fois contre la vitre. La vitre est si bien lavée que l’arbre du champ paraît à portée d’ailes. La mouche rebrousse chemin, prend son élan, fait quelques ronds larges dans la salle. La femme la suit des yeux. Excédée, elle écoute le bourdonnement en priant pour qu’il s’arrête. Mais elle sait qu’au fond quelque chose les rapproche. Elle sait qu’elle bourdonne, elle aussi, à l’intérieur. Elle sait qu’à sa façon, elle se cogne souvent contre les vitres trop propres, trompée par l’illusion de la liberté.
Elle ouvre le bouquin, se force à lire et la mouche continue son concert désespéré.
Elle se demande alors au bout de combien de temps, combien d’heures de bourdonnement, combien de fois la tête cognée, une mouche réalise
que la fenêtre est fermée.
18:32 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Le merle au bec si jaune au dehors se demande bien ce qui empêche son déjeuner de venir dans son bec, pourquoi cette mouche tourne-t-elle en rond si ce n'est pour le narguer, lui ?
Écrit par : PhilippeC | 14 novembre 2010
L'araignée, planquée derrière le sofa, qui a échappé par miracle au balai rageur de la furie d'à coté, regarde avec envie cette mouche bien grasse, toute dodue la mouche, et suicidaire.
Voyons voir.
En passant par le coté droit près de la commode, puis en montant dans l'ombre de la plinthe du mur, et en longeant l'arête de la bibliothèque, j'arrimerai un fil là, un autre là-bas, et je tisserai ma toile entre les deux.
Et puis j'attendrai, un œil sur la folle hystérique.
Écrit par : PhilippeC | 17 novembre 2010
vous êtes dur, elle n'est pas hystérique :)
Écrit par : mariemarie | 17 novembre 2010
vous êtes dur, elle n'est pas hystérique :)
Écrit par : mariemarie | 17 novembre 2010
"elle n'est pas hystérique"
hé, hé, elle a une araignée au plafond maintenant ...
Écrit par : PhilippeC | 17 novembre 2010
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