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05 janvier 2011

l'irisé poney

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La salle des fêtes avait été décorée de ces choses qui se vendent par kit dans les grands magasins. Toute sorte de guirlandes, des motifs en papier brillant, du rouge, du violet, du fuchsia, de l’or surtout. Sur la petite estrade on avait monté une des grandes tables de la municipalité. Formica amélioré, rallongée pour l’occasion, qui servait aussi les jours de baptême, de réception du maire, de fête des anciens combattants et de gala d’école danse. Dessus, on avait disposé tout ce qui fait le bonheur du Disc Jockey itinérant, sans oublier évidemment, les triples lumières qui s’allume en fonction du rythme et propose multiples variations dans les mêmes couleurs que les décos grands magasins. Lorsque tout le monde eut fini le buffet des entrées, et pour être sincère n’avait plus du tout faim, le DJ passa en revue ce qui d’usage fait danser, jusqu’au madison où chacun mit le pied à la pate. Trois rangs plutôt bien formées, les femmes en première ligne, et les hommes, déjà un peu saouls, légèrement derrière. Faisaient semblant d’être malhabiles, faisaient semblant de ne pas avoir compris la chorégraphie basique, mais pouvaient de ce fait, jaser, singer, jouer la bousculade et le déséquilibre. Tout le monde se rassit, les plats s’enchaînèrent, Gilbert Montagné chanta Les sunlights, on vidait avec application l’ensemble du stock de bouteilles compris dans le forfait, et on chantait parfois.
Peu après minuit, quand quelque chose retomba, quelque chose de la fatigue accumulée, on se retournait vers le fond de la salle, éclairée au stroboscope, pour découvrir un petit corps qui dormait là, tranquille, emmitouflé dans des manteaux trop grands. S’était laissé bercé par toutes ces voix d’adultes. Même les douze coups de minuit sonnés dans l’excitation, ne l’avaient pas sorti du sommeil impeccable dans lequel il avait sombré. Il y gambadait sur le dos d’un poney plastique à la crinière irisée, récemment durement acquis sous le sapin, et parfaitement conforme à celui qu’il avait commandé.

 

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