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05 avril 2011

Voyez comme les traits se détendent sous la pommade des petites fiertés.

Mercredi soir vingt minutes avant huit heures. Quelques couples font la queue devant la billetterie. Elle, très fine, et sans habit de lumière, est assise sur l’un des fauteuils disposés dans le hall. Elle a empilé sur la table basse juste devant, les prospectus, programmes, dépliants et autre flyers colorés qu’on lui a distribué à l’entrée. Elle les contemple. En attrape un, le repose, en attrape un autre, en fait une lecture muette mais expressive. Elle se lance dans un dialogue avec elle-même, un dialogue haut en couleurs et en arguments, qu’elle s’auto échange par dessus l’épaule gauche. On dit avec elle même, mais rien n’assure qu’un lutin transparent ne loge pas perchée sur sa clavicule. Toujours est-il qu’elle penche la tête, acquiesce franchement, sourie et ronchonne, mime toutes les grimaces d’une bonne conversation.
Lorsque la sonnerie du théâtre retentit, elle ne bouge pas d’un cil. Les tours de papiers empilés sont autant de remparts opaques et solides, qui ne laissent rien filtrer du monde de dehors.
Bientôt le hall du théâtre est vide. Elle continue sa conversation muette et étrange. Tandis que la guichetière recompte patiemment les talons de billets, et les billets tout court, elle classe et reclasse ses petits papiers, ne cessant de converser avec son double invisible et portant haut dans l’œil une pépite dorée.

Voyez comme les traits se détendent sous la pommade des petites fiertés.

Commentaires

un texte touchant... et surtout cette dernière phrase...poésie...merci.

Écrit par : Bruno | 07 avril 2011

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