06 avril 2011
méga sieste
Mégapole.
Méga bruit.
Méga vitesse des choses.
Mega transport des méga personnes.
Méga budgets, méga building, méga millions.
Méga météo dans le ciel des mégapoles.
Nul autre horizon que les petits carrés de verre derrière lesquels une enfilade de bureaux se perdent.
Sur les trottoirs, les passants organisent leur marche comme on circule sur l’autoroute.
Autorisation de doubler sur la gauche, en gardant le nez sur ses chaussures. Arrêt toléré en double file pour rédiger un texto, ou passer un coup de téléphone. Coup d’œil furtif sur les vitrines qui dégoulinent. La ville à toute allure bat comme un cœur pressé.
L’avenue mène droit à la gare, que surplombe une horloge géante. Dans quelques instants il est quatorze heures. L’aiguille des secondes trotte sur le cadran.
La marche des passants ralentit notablement, les voitures débrayent aux vitesses inférieures. OUh, tranquille…. tout s’étiiiiiire jusqu’à l’arrêt complet.
Lorsque l’aiguille arrive sur le douze, tout s’est arrêté. Les passants étalent un sweat shirt, une écharpe, un coussin sur le trottoir. On se fait une place sur les bancs, on s’affesse sur les chaises en terrasse et on bascule le fauteuil de la voiture en arrière.
Quatorze heures, c’est absolument non négociable, quatorze heures, c’est bien connu, c’est l’heure de la sieste, pardis !
18:32 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Palimps(i)este
Compressé. L'ordinaire vie des obligations cummulées. Il restait encore pourtant Vendredi. Là après avoir disserté, gratté, ému, bref après, bien après toute une semaine fait ce qu'il fallait faire, il arrivait d'avoir ce jour en liberté. Enfants déposés, le matin, le rituel commençait. Il ne faut pas grand chose, pas d'exigences rares. Un ciel bleu, et puis marcher d'abord vers cette boulangerie où attendra un chausson aux pommes croustillant, et ensuite le bar d'en face, prendre ce café qui ne sert à rien, mais qui a l'avantage de ne rien exiger non plus. Pas même de le boire. Ce rituel n'a rien d'obligé, c'est tout son caractère sacré. Puis de retour, lecture et travail. Copies. Puis, à cette heure-ci, comme d'un appel à la regarder quand elle paraît, depuis l'enfance, sorte de synchronicité entre nous, une alliance refoulée et tacite, "14h28", le dernier stade de la journée de repos, le final, la sieste. Chaque Vendredi ne se ressemble pas. Beaucoup ne le respectent pas, aucun cependant ne le remet en question.
Un collègue, devenu ami. Il ne sait que faire durant son année de congés pour une thèse qu'il s'est engagé à faire sur Durkheim et qui le lasse. La thèse de maths l'a lassé auparavent aussi. Il fait une proposition de réunions autour de Wittgenstein, cela le distraira. Des conférences improvisées, des caissons de r(ai)sonances. D'abord avec un cercle restreint, puis... qui sait ? Pas de réponse. Nous nous sommes revus depuis, mais sans en reparler. L'espoir se maintient de préserver ce pré carré, jusqu'à ne plus avoir à y penser.
Aujourd'hui il a relancé. Ca se précise de son côté. Il a son cercle, son jour, son auteur. Son rituel se fixe sur le mien.
Il tient à ma présence. Donc plus de Vendredi, et d'abandonner le café, le ciel bleu et le "14h28". Je n'ai jamais su négocier.
Écrit par : Hervé Robin | 27 avril 2011
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