07 juin 2011
la tête du chien
- Passe moi la ficelle, on va la faire glisser comme ça dans le petit trou de la planche et ça va tenir nickel au patins
- euh tu veux pas plutôt la mettre autour de la taille, c’est plus stable euh quand même…
- ouais autour de la taille, ok
Et le môme dévide la bobine de ficelle par dessus son Tshirt à l’endroit même où tombe un pantalon un peu grand au goût de sa mère.
Kreg et Jonathan sont installés dans l’allée où leurs familles respectives habitent un pavillon. Il fait beau. C’est mardi après midi, les cours du collège ont été suspendus. Ils sont perchés sur des patins à roulettes, leurs T shirt sont retroussés au niveau de leurs épaules. Ils ont quelques égratignures aux genoux, des bobos auraient-ils encore dit il y a quelques années. Ils viennent de mettre au point un système qui leur permet de tirer un skate-board en même temps qu’ils patinent. L’avenue est plane, tout devrait se passer dans les meilleures conditions. Soudain Kreg siffle. Un chien, assez court sur pattes, sort de derrières les buissons. Il est roux. Il a de bons yeux. Ils se jette dans les jambes de son petit maître qui l’embrasse à pleine bouche.
- Ok, on va le mettre sur le skate board. Slick (le chien donc ) tu montes sur le skate ? et le chien monte
- euh t’es sûr qu’il va aimer là ? il fait une drôle de tête quand même
- bien sûr qu’il va aimer, c’est formidable ce qu’on lui propose comme aventure, le chien il est là, il peut jamais aller plus vite que ses pattes, on va lui faire vivre un truc existentiel gars
- ah ouais carrément tu crois.
Les deux s’élancent sur l’avenue. Accélérant peu à peu l’allure. Faisant suivre la planche à roulettes. Faisant tanguer la planche à roulettes. Risquant de fiche en l’air la planche à roulettes. Riant, criant, comme c’en est interdit. Et le chien…
Cherchant à préserver un minimum d’équilibre, dont le regard inquiet, résigné, en dit long sur l’expérience existentielle en question…
17:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
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