Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07 juin 2011

comme raide.

Ne me demandez pas le score. Serré. Très serré. On ne savait plus où donner de la tête. Du grand jeu. Le ballon glissait des uns aux autres sans que le moindre heurt ne fut visible. Nous n’étions pas essoufflés. Les arbitres à l’affut. Les gardiens, sur leurs appuis, et les filets, vérifiés dans le moindre détail avant le début de la partie.
On jouait gros. On jouait surtout l’honneur. Tant d’années à rêver de rapporter quelque chose qui brille et tant d’années à rentrer chez soi bredouilles, nous avaient rendus plus que combattifs.
Le club avait investi dans de nouveaux maillots pour le championnat. J’avais réussi à en chaparder un de plus pour la chambre de mon neveu, vert et gris. Argenté que j’veux dire. Je n’étais pas peu fier, lui aussi faut dire. Il l’avait punaisé à même le mur le maillot, ce qui avait rendu la relation avec ma sœur un peu tendue, les jours suivants. Bref.
Je courais tout ce que je pouvais dès que la balle entrait dans mon champ de vision, jusqu’à ne plus sentir mon cœur, jusqu’à ce que mes muscles me brûlent, mais j’aimais ça.
Soudain près de la ligne de touche je vis Vick s’élancer dans les airs, pour un amorti de la poitrine, et le type en face, géant, en faire de même. Les deux têtes se cognèrent si fort, que Vick s’écroula au sol sans avoir effleuré la balle. Comme raide. Mais il hurlait de douleur et pendant que je courais vers lui, je me disais, quand on hurle, on n’est pas raide, alors tout va bien. Très rapidement les joueurs l’entourèrent, à lui taper la cuisse, à lui frotter la joue. Ca va aller Victor. J’étais aussi sonné que lui, je voyais les mêmes étoiles et j’entendais les voix des gars s’emmêler dans mes oreilles. Lorsqu’il fut sur le brancard, lorsque la petite foule des gradins l’acclama, je sentais mon dos se recouvrir de fourmis, de frissons j’veux dire. Enfin de fourmis, quoi. Nous le suivions des yeux, et je connaissais sa tristesse. Rentrer au bercail alors même que tout allait se jouer pendant les dernière minutes, c’était pire que tout.

Les commentaires sont fermés.