07 janvier 2014
X
Ceux que l’on fait monter dans l’arche, en quelques sortes, on les porte à la bouche comme l’enfant, et reconnaissant le goût, l’on dit, oui, c’est bon, c’est enfin bon, c’est de nouveau bon. C’est que cela ressemble à un poème que j’ai appris avant de naître. Je commence par aimer son prénom. Comme un prologue. Je veux déposer en gage cette première phrase. Je veux mettre à l’entrée de ce que nous bâtirons ensemble, fut-ce le plus fragile des mondes, sur les plus fragiles fondations J’aime ton prénom j’aime le prononcer, j’aime le lire. J’aime comment tu te nommes XXXXXX, ça me fait déjà pleurer, car c’est une épitaphe avant l’heure. Je commence par t’aimer trop, en surnombre, avec toute ton armée. Je commence par aimer ton essence sans connaître l’histoire, sans connaître l’habit, sans connaître presque le fond de ton regard, un bouclier, j’aime le plus déterminant que je peux, ce qui te nomme le plus et depuis le début, ton prénom, et après on verra. Je t’aime à la base, à l’os, sans les muscles, à l’origine si possible, après on verra. C’est une épitaphe avant l’heure. Je t’aimerai jusqu’au moment de ta mort annoncée. Je t’aimerai par ton nom, je t’aimerai par tes cheveux, je te trainerai comme tu trainais ton ami sur le sol rocailleux et méchant. Je t’aimerai depuis là où les chevaux dorment au sol, et tu y dormiras finalement, achevant avec eux, le soupir d’un même ventre. Tu y dormiras après la guerre en purgeant le combat de tes muscles. Et je serai là, debout, à dire ton prénom dans le vent sablé. Toujours à compter ta largesse, ton infinie mesure, ton décor étalé décousu. Je t’aimerai en pleurant sur ton talon troué. Je t’aimerai en pleurant sur ton genou rendant l’âme. Je t’aimerai en pleurant, sur tes larmes, sur ta tente. Sur ta blondeur et ton immortalité. Je t’aimerai depuis ton prénom, jusqu’à ton prénom. En boucle serrée. En nœud fait à la gorge. Je t’aimerai tellement que je peux commencer par là.
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Commentaires
Parcourir, recenser les ruines, assembler minutieusement puis redevenir croyant, enrouler la sangle au bras et dire enfin pleinement, dieu.
Plus tard sombrer.
Écrit par : rudy d | 07 janvier 2014
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