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14 avril 2015

en octobre Longueur d'ondes me demandait un texte sur la radio - je signe encore

"Ce que je peux écrire et qui ne serait ni une déclaration d’intention, ni un vœu, ni un idéal, c’est l’idée, se consolidant chaque jour, que la radio que nous faisons est une entreprise dont l’impératif premier est le fonctionnement du collectif. C’est parce que nous parvenons à parler à cinq et plus dans un bureau, c’est parce que nous parvenons à parler à deux et plus dans un studio, c’est parce qu’on parvient à se parler de part et d’autre de la vitre, c’est parce que notre considération pour ces paroles et pour ce collectif n’est ni une posture, ni une ruse, que les émissions existent. Le sens de cette radio s’appuie sur ces couches de paroles. Celles qui passent finalement dans le poste sont la manifestation audible de celles qui la précèdent et la soutiennent, et qui sont silencieuses à l’heure du direct.

Ce sens est négocié à toutes les étapes de la fabrication et cette considération fonde et nourrit la possibilité de parler « à la radio ». Probablement c’est encore plus vrai pour une radio de tout le monde fait avec l’argent de chacun. Une radio publique. Dès lors que cette considération est feinte, ou quand elle s’érode, le vide du langage se glisse dans le poste, le sens déserte et il vaut mieux éteindre.

La façon dont on parle, la façon dont on se parle, est centrale dans la définition d’une société, quelle qu’en soit l’échelle, et cela vaut naturellement pour la façon ou les façons dont on s’écoute.Il n’y a aucune raison de croire que l’écoute serait une évidence à ne plus énoncer quand on parle de radio. L’écoute et le désir de la parole inconnue est au cœur de notre pratique. C’est parce qu’on ne craint pas qu’une pensée s’élabore en direct, sans que rien ne puisse la prévoir, c’est parce que le cadre est créé – et sécurisé (par le travail, la connaissance, le regard) – que, parfois, elle s’élabore en effet. Alors tout est vivant. Ce vivant est l’une des choses les plus précieuses que je connaisse.

Il ne tient qu’à nous de faire de ce désir de la parole inconnue, le moteur de nos choix et ouvrir nos studios à des voix pas, peu, ou moins entendues. D’où l’importance primordiale de la programmation. En faisant de la radio quotidiennement, nous nous inscrivons dans une histoire, un flux et une institution plus grands que nous. Ils énoncent leurs propres règles, leurs contingences, et leurs économies. À l’intérieur d’eux, il faut humblement maintenir l’expérience qui, dans chaque parole et dans chaque interrogation, voit se dessiner des espaces possibles de liberté et de subversion.

Micro studio ouverts. Montage. Musique. Poème. Question. Question. Question. Mots, voix, calme, temps et respiration. Oreille, image et regards. Voici quelques-uns de nos outils pour continuer de faire, et je mesure ma chance chaque jour, que ce faire ait lieu dans un endroit comme France Culture. " octobre 2014___MR

 

 

LONGUEUR D'ONDES

 

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Commentaires

l’inconnu paré des couleurs aveuglantes et de l’apparence du soleil

https://misquette.wordpress.com/2015/04/15/209-linconnu-pare-des-couleurs-aveuglantes-du-soleil/

Écrit par : misquette | 16 avril 2015

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