31 août 2010
Saouls.
Il pleut. La rue a presque sommeil, ici deux jeunes hommes, appuyés contre des vélos, le pantalon de survêtements remonté aux genoux. Ils ont eu un peu chaud. L’un d’entre eux à la peau du cou rouge, comme de l’urticaire.
Ils avaient décidé de quitter le centre ville sur deux vélos volés. Ils avaient pédalé fort pour laisser au plus vite derrière eux le marchand de bicyclettes d'abord, les quelques restaurants trop pleins, les enseignes bruyantes et vulgaires.
Il avait fallut peu de temps pour que les immeubles deviennent de sombres pages déchirées. Les cours, des entrailles que l'on tremblait à pénétrer. Non qu'elles aient abrité quelque véritable danger mais c'est qu'elles entouraient de leur gros bras de pierre, de petits groupes d'âmes en peine, de vrais hommes, enfin quelque chose de consistant, qu'ils n'auraient jamais aimé voir se dissoudre par la seule raison de leur traversée en VTT.
Ils avaient roulé donc dans les allées larges, secoués par les chaussées irrégulières, jetant des coups d'œils furtifs à ce que les porches dégradés laissaient entrevoir. Soit, de grands terrains vagues pareils à ceux qu'ils avaient longtemps écumés enfants. Soit, des parkings improvisés et des toboggans en plastique.
Il y avait dans ces cours d’immeubles une preuve du vivant. Une preuve que cette ville, ce pays, dans lequel ils étaient nés, n’était pas tout à fait anéanti.
Deux jeunes hommes donc, en noir et blanc, appuyés sur des vélos volés, le pantalon de survêtements remonté aux genoux. Songent aux temps anciens, durant lesquels au coucher du soleil, chacun se devait de rentrer chez lui, et de rapprocher comme des agneaux, tous les enfants près du poêle.
Deux jeunes hommes en noir et blanc, qui essoufflés, s’enivrent de présent
18:22 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
J'ai lu ce texte hier. Quel plaisir ce matin d'en attendre sa lecture.
Écrit par : Ruben | 02 septembre 2010
J'ai lu ce texte hier. Quel plaisir ce matin d'en attendre sa lecture.
Écrit par : Ruben | 02 septembre 2010
merci beaucoup...
Écrit par : mariemarie | 03 septembre 2010
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