05 septembre 2010
en échange.
Quatre et quatre sièges à l’écart du wagon. Ressembleraient presque à d’anciens compartiments.
Sur les appuis-têtes, leurs cheveux coupés ras laissent parfaitement voir la forme de leur crâne. Ils ont vingt ans, un tout petit peu plus. Ils vont rejoindre leurs régiments.
Y’a plus de guerre, ils disent, avec la bouche qui tirent vers le bas. De toutes façons y’a plus de guerre, alors nous on s’entraîne à autre chose.
Ils ont des chemises et des polos très repassés. Ils ont des plans de vies, pas une seule ride, des dents de fumeurs, des certitudes.
Ils n’ont que des certitudes. Des lignes droites. Y’a des types qui sont là pour leur donner des ordres, eux pour les exécuter et de toutes façons, ce sont des premières classes, les premières classes, sont bons qu’à prendre des coups de pieds au cul, paraît-il.
A voir leurs yeux pourtant, je me dis qu’il faudrait par grand choses pour que leurs lignes, se déraidissent, prennent des virages, se dé-résignent. A voir leur sourire quand ils parlent des ronfleurs de dortoirs, des marches de nuit sans objectif, des déserteurs et des maniaques,
je me dis qu’il y reste une bien grande dose d’enfance, et qu’on verra plus tard.
Ils disent ça aussi, on verra plus tard.
Ils allongent leurs pieds sur les tables très roses et propres du TGV de l’Ouest, à l’ancienne, et se refilent des tuyaux pour ne pas avoir froid quand ils partent en campement. Leurs épaules sont trop vite musclées et leurs visages rendus carrés par les cernes.
En les regardant descendre du train et agiter le bras pour dire au revoir, je me suis demandé, ces gars là, de Loudéac, du Mans, d’Orléans… ils font l’armée à la place de quoi ?
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