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20 novembre 2010

et le sol rebondissant

Il y a encore peu de temps c’était un terrain vague. Les cailloux roulaient sous les pieds des mômes et les plantes courageuses sortaient le nez au vent dès qu’un peu de sève leur montaient aux joues. Avant c’était sec et traversé de vent glacial. Parfois on y vendait des voitures en contrebandes. Le dimanche une à deux fois par an, c’est ici qu’elles créchaient avant de trouver preneur.
Maintenant, ils ont rempli le vide avec d’immenses barres d’immeubles, qu’ils avaient choisi pastel pour faire de la lumière et qui depuis ont déteint. Le vent s’en trouve empêché, mais le glacial, lui demeure. Beaucoup des familles qui habitaient les villages alentours furent regroupées ici, chacune à son étage - sans l’espace escompté mais avec l’eau courante et l’électricité.
En bas, une petite aire de jeux. Un toboggan, un bac à sable et quelques chevaux de bois qui n’ont pas  très bien vieilli Un peu plus loin, quatre trampolines découpés dans un caoutchouc épais comme du bois, sur lesquels dix enfants s’envoient en l’air.
Leurs cheveux, toute couleur confondue, s’emmêlent dans leurs sauts. Leurs survêtements d’un autre âge forment des tableaux abstraits et nacrés. Ils volent. Et le paysage de béton qui reste derrière eux, stoïque, et leurs joues crasses, et leurs corps chétifs, et leurs mères trop fatiguées pour les entendre rire, n’enlèvent rien à la scène. Les grandes tours de béton projettent leurs cris à l’éternel.

C’est la seule et unique porte de sortie, qu’ils aient trouvé, pauvres anges. Celle du ciel ouvert. La gueule du loup. L’espoir trampoline et le sol rebondissant.

 

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