Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20 novembre 2010

à croire que le ciel est injuste.

greygardens1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle c’est Big Edie, 78 ans, large chapeau et joues qui tombent.
L’autre c’est Little Edie, 56 ans, recouverte de fond de teint et toujours affublée d’une garde robe moulante. Respectivement tante et cousine de Jackie Kennedy, elles vivent depuis des années dans une immense demeure de Long Island, devenue taudis.
Pauvre petite fille riche, de bientôt soixante ans, Little Edie se pavane dans d’immenses pièces en ruines. Changeant de tenue toutes les deux heures / Faisant appel à Dieu autant qu’au regard de sa mère qui pourrit dans de grands draps.

Elle a la tête toujours recouverte d’un fichu, à la manière de Jackie la lumineuse, la belle… Dans les années 30, elles posaient toutes deux sur les photos noir et blanc de l’aristocratie américaine… Depuis ,tous les rêves se sont évanouis. Edie n’est pas devenue actrice. Pas devenu chanteuse. Ne s’est pas marié avec un homme riche et célèbre. Elle est la face sombre du destin qui engloutie les âmes fragiles à qui l’on a trop fait miroiter la lumière/ et qui s’y sont brulé les ailes.
Sa mère, alitée et mauvaise - malade de quelque chose certainement - la regarde passive, comme on accepte, contraints, les spectacles interminables et maladroits des enfants le dimanche. Little Eddie, vieille petite danseuse, qui lorsqu’elle a trop froid, s’enveloppe d’un immense drapeau américain. Les étoiles n’ont pas voulu d’elle, mais qui régit les étoiles..? Alors que le show meurt doucement sous les particules de poussière, les grey gardens, mauvaises herbes, fleurs sauvages, rampent sur les murs de la maison américaine. Les étoiles n’ont pas voulu de toi Little Eddie mais qui régit les étoiles ?

 

 

 

Commentaires

Elles sont aussi drôles et touchantes, et également mortes depuis un certain temps.

Écrit par : Tante Jackie | 21 novembre 2010

Ronald regarde la bande défiler encore un peu, et attend le claquement caractéristique signalant la fin de la bobine. Il prend un calepin à élastique, et note sans hésitation des numéros qu'il reportera sur la bobine ensuite. Alors il ferme le capot du lourd magnétophone, enlève son casque, et le range machinalement dans un étui en cuir marron, il met ensuite le tout dans une valise sans age. Se levant tout en faisant craquer des os fatigués, il contemple les deux vieilles dehors sur leur terrasse. Elles sont à peu près du même age que lui, il serait presque tendre avec elles, mais elles sont communistes, ou démocrates c'est pareil, et irlandaises c'est de la pire espèce. Il en est sur, certain. Cela fera quarante ans qu'il le sait, depuis que John Edgar, son frère aîné, le lui a dit. Ronald Hoover porte péniblement la lourde valise et sort de l'appartement, celui qui est juste au dessus des deux femmes Kennedy.

Écrit par : PhilippeC | 22 novembre 2010

28/11/2010
Il y a trois manière de vous écouter Mariemarie, probablement plus, sans doute ; mais j’en vois trois. La première est de se bagarrer avec vos textes. Essayer de comprendre vos allusions, vos citations implicites ou tacites et vos référents dans un duel quotidien entre votre esprit et ce qu’il me reste de mes lectures. Oh, j’y arrive de temps en temps. Mais il m’arrive de ne pas y arriver et de rester toute la journée à fouiller dans ma mémoire à la recherche d’une page ou d’une scène à laquelle vous auriez pu vous inspirer. C’est stimulant, c’est amusant, mais ce n’est pas ça. Si nous avons certainement lu, vu et écouté les mêmes classiques nous ne les avons pas perçus de la même manière, j’en ai oublié la moitié et j’ignore les monuments les plus insignes de votre génération. Donc bataille perdue, comme un match entre un joueur de ping-pong et un champion de tennis.
La deuxième manière est d’oublier le texte e de se laisser bercer par votre voix et par le vocabulaire baroque de vos phrases qui en soulignent la beauté. Chez vous les mots sont choisis, ils ont une place et disent exactement ce qu’ils sont censés dire. Mais, surtout, vos récits ont un rythme et un son, comme les vers des poètes d’antan qu’on oyait sans comprendre avant d’avoir leurs hexamètres sous les yeux et un bon dictionnaire à porté de la main. En vous écoutant de cette manière on glisse sur le sens de vos propos, mais on y gagne en sensations.
La dernière façon est de retrouver chez vous, au fil de vos évocations, des expériences qui nous appartiennent. Je pense à votre mouche par exemple, ou à votre biche sur la route la nuit. Mais il y a bien d’autres personnages dans vos fables au matin. J’étais étudiant autre fois ; un jour, en me rendant à mes cours, les deux rames du métro venantes de l’Est et de l’Ouest s’étaient arrêtées simultanément l’une à côté de l’autre à la station de South Kensington. Je regardai dans la voiture en face de moi sans rien y chercher, les yeux dans le vide comme faisait n’emporte quel autre passager séparé par deux pans de vitre d’un inconnu si proche et si lointain. Rien de plus naturel et plus banal. Mais ce matin là j’y croisai le regard d’une fille. Pas un sourire, pas un geste ou un signe d’intente quelconque avant que les deux trains ne se remissent en marche en directions opposées. Rien que l’intensité de ce regard, l’emprunt de ces yeux dans mes pensées et la certitude de mon ego qu’elle aussi m’avait vu. Cinquante ans plus tard je n’ai pas oublié cet instant.
Elle est où la biche éblouie par vos phares Marie? Dans un livre? Dans un film? Sur le chemin du retour d’un week-end à la campagne? Peux emporte ; d’ailleurs je connais son refuge, car elle n’est plus la votre mais la mienne.
lvm

Écrit par : Lucio Margherita | 28 novembre 2010

Il est vrai qu'elles sont drôles et je me souviens avoir été bouleversée par ce film et ces deux femmes...

Écrit par : mariemarie | 28 novembre 2010

Cher Lucio, les classiques manquent à mes lectures, si vous saviez ce que ma culture a d'aléatoire....
Mais j'aime la dernière solution, j'aime que l'écoute gagne en sensation, car je gagne en sensation à la lecture de vos réponses à tous. A l'évocation de vos propres histoires, de vos propres images. Plus ça va, plus vous complétez à votre manière la collection du petit matin. La biche, comme les autres, elle est dans la tête. Uniquement dans la tête. et dans la vôtre maintenant.

ravie !

Écrit par : mariemarie | 28 novembre 2010

Les commentaires sont fermés.