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07 décembre 2010

faudrait les voir sauter

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Une seule route mène à la vieille ville et au port de Dubrovnik. Une seule route bordée de criques invisibles. Difficiles à atteindre et sans plages aucunes sinon les plateformes en béton, construites à même les falaises, conçues comme des paliers, des excroissances perpendiculaires.  Trois jeunes hommes sont debout sur l’une d’entre elles. C’est assez haut.
L’eau, si l’on pique du nez. L’eau, si l’on ravale son vertige comme un cachet ma dégrosse, l’eau est d’un bleu inconnu au bataillon. L’eau est turquoise comme sur les photos promesses. Les trois gaillards ont peu ou prou le même corps élancé. Les muscles saillants et recouverts d’huile solaire. Ils ont pile poil dix huit ans, quelques chicots en moins sur les mâchoires. Une chaine en or suit le dessin des quelques poils qui ornent leurs torses et au bout de la chaine, un christ, presque deux fois leur âge, sur une croix. On sait comment, on sait pourquoi.
Sur le béton leurs trois serviettes sont alignées, détrempées et solides à cause du sel. Elles sont criardes de couleurs et affichent trois princesses, comme ils disent, en maillots elles aussi, mais pas en relief. Au bout des serviettes et en guise d’oreillers, trois sacs à dos, qui auraient pu, vue l’heure et le jour, être des sacs d’école… mais on repassera pour les détails. Les trois gars s’élancent sûr d’eux, lents, faisant s’étirer le temps aussi élastique que les chewing gums qu’ils écrasent un par un sur la roche. Faudrait pas les avaler quand même.
Ils se regardent. Arrivent au bout du carré de béton. Leurs orteilles mordent dans le vide. Le premier embrasse son petit Jésus, le second idem, le troisième itou. Rendent les choses importantes et solennelles. Font le décompte, écartent les bras en croix, trois, deux, un...

 

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