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31 janvier 2011

la position allongée

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Ils, dans ce cas un homme et une femme, entrent dans la pièce. Elle est dix fois plus longue que toutes les pièces des habituelles maisons, c’est une pièce comme un palais. Au sol : du bois lisse, brillant légèrement à la surface, poli. Donnant au plafond les reflets de lumière.
Ils sont muets tous deux. Prennent soin de dérouler le pied à partir du talon, de telle sorte que le pied tout entier, au plus large, épouse le sol avant de le quitter de nouveau pour avancer.
Il, descend le premier, projetant des mains fortes sur le bois, posant le genou, appliquant le torse, puis se retournant en roulant de façon à avoir les yeux face au plafond, dont on ne dit rien. Elle, l’évitant d’abord,  ne trébuchant pas, descendant de la même façon, paumes fragiles, genou, cuisse, torse. Elle s’allonge sur le bois, les yeux face au plafond, sa joue gauche collée à celle de l’autre, son oreille aussi, sa tempe. Plus sa tempe que sa joue, finalement. Mais leurs jambes partent à l’opposé, un corps au sud, un corps au nord. Ils restent comme cela quelques minutes, et le silence devient une musique sourde. C’est elle, la première, comme brulant d’impatience ébouillantée par la certitude du présent, elle ouvre la bouche d’abord et commence à parler. Leurs positions respectives font qu’ils ne se voient pas. Ils s’écoutent. Se disent ce qui depuis des semaines entières restait coincé dans leurs gorges, handicapant leurs gestes, faisant de leur désir un objet encombrant. Très certainement beau, cela ne gâche rien, mais un peu lourd à leur goût. Alors, ils le prononcent comme on éculer un bateau. Alors ils placent dans cette immense salle une offrande de leurs mots, et la salle d’abord vide, d’abord sans sens, simplement recouverte de bois, se remplit et devient une surface accueillante. Fameuse pellicule sensible. Il n’est pas interdit qu’en les laissant encore des heures qui deviendraient des jours,
ils ne finissent par danser.

 

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