08 mars 2011
noire sur les bords
Une péniche noire de charbon,
noire sur les bords
noire encore
fend l’ea u très sombre de la Seine.
Rien ne s’annonce du jour qui vient. Rien qui ferait penser que la lumière tout à l’heure viendr a claquer sur le fleuve. Rien comme du silence visuel. Comme la courbe atone d’un cœur de ville éteint.
Seul ce bateau qui avance sans bruit, faisant plier l’eau sous son poids mais paraissant ne la toucher qu’à peine.
Il est lent et long. Le charbon qu’il transporte forme une petite montagne sur son dos qui se distingue à peine dans la nuit où tout le monde surnage.
Pas un homme à bord. Un homme à bord bin sûr, mais un homme invisible lui aussi, dont on ne pourrait au mieux qu’apercevoir le brasier d’une cigarette, mais qui à cette heure ne s’est pas remis à fumer. Un marin d’eau douce, il en reste.
La péniche baisse la nuque en passant sous les ponts pour que rien ne racle. Pas question de toucher au silence brumeux. Note épaisse et monocorde, de laquelle émerge des cornes de brume imaginées pour l’occasion,
sur une mer que l’on voudrait plus grande encore, noire comme du pétrole inoffensif,
profond comme une cicatrice de Simon Hantai.
Sur les bords, la pierre refroidie par la nuit, les mouettes dorment encore. On cherche des yeux, celle que l’on connaît, la favorite, la rieuse, celle qui a la plus désobéit, et quand on la dépasse, silencieuse et discrète,
des yeux, on la bénit.
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