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31 janvier 2012

la quadrature

IMG_2135.JPGToi tu pars moi je reste deux fois. C’est la condamnation. Toi tu pars, moi je regarde augmentée, lestée, alourdie de tes yeux.
Toi tu es autre part, moi je suis ici, dans le même fauteuil près de la fenêtre, où ton corps alangui et longiligne roule des joints, et fume des clopes.
Près des canisses bousculées par le vent, j’avale la fumée pour deux. Je suis quadruple poumons en berne, sous le bleu des néons fatigués. Au lieu de retrancher quand tu meurs tu ajoutes. Quelque chose de plus à nos vies à tous, quelque chose qui serait la pensée de toi, mais en plus dense. En plus permanent. Véléda indélébile, la trouille des instit, quand tu meurs, crois pas que tu t’en vas. Personne n’accepte plus les ainsi font font font les petites marionnettes.  Quand tu meurs, tes jambes marchent à côté des nôtres, trop grandes comme avant, trop gourmandes de bitume. Quand tu meurs crois pas que tu t’en vas. Ton nez respire à l’intérieur de nos narines quelque chose de plus encore, que le vent et les gelées. C’est du fil à retordre pour nos têtes, tes clopes éteintes mais consumées sur le rebord du balcon, et où tu fumes maintenant ? C’est une vieille chanson qu’on avait en tête, tous les deux, gravée sur un vinyle, qui tournait encore après que ton corps fut balancé dans les cendres.
Une chanson volatile, pour les poussières d’étoiles, quelques trop légères notes, déposées comme une gerbe.

Toi tu pars, peut être, mais nous on reste deux fois.

Commentaires

Celui-là est très émouvant. A pleurer.

Écrit par : Mikel | 31 janvier 2012

Absolument, ce texte est sublime, intense. Mais comment faites vous Marie ? Vous sembler, chaque jours, nous revenir d'un long voyage, riche de récits précis et ciselés. Je ne sais pas si vous en avez conscience, mais vos Polaroïds peuvent devenir addictifs... De mes départs permanents et de mes voyages, je ne crains pas d'y revenir. Chère, c'est un grand merci !

Écrit par : Alexeï | 02 février 2012

Mais je reviens chaque jour d'un long voyage !
Merci à vous, pour l'écoute.

M

Écrit par : Marie | 02 février 2012

une âme
les deux pieds
dans le ciment

Écrit par : thoams | 03 février 2012

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