24 mars 2012
un jour comme aujourd'hui
C’est un jour comme aujourd’hui. L’hiver, pente douce, soleil en léger biais. Femerture éclair descendue sur les hanches. Au croisement des deux chemins, prendre le croisement. Le croisement, l’intersection des deux lignes et attendre. Ce qui était un mur pour tout le monde, devient une porte. Vous la passez. Elle ne grince que dans vos seules oreilles, et si un gardien est apparu dans la guitoune ce n’est rien qui soit plus réel que le reste. Vous vous engagez dans l’allée. Les premiers sont encore à l’heure de décembre et leur branche sont un entrelacs de gris et de brun sur les murs qui les rejoignent en couleur. Les arbres suivant tendent à l’avril ou au mai, et ont des feuilles qui viennent comme on a le rose aux joues.
Les noms sont gravés sur les plaques, d’autres à même la pierre. Les noms sont posés sur la pierre, tu vois comme les noms sont là, au repos. Tu les lis. Eugene. Andrée. James. Ondeline. Paul. Jean Marie. Myrtille. Tu relis myrtille, tu essaies de faire venir le goût du fruit entre tes deux mâchoires, les molaires du fond.
Tu avances. Je te tutoies. On regarde par en haut ce qui vient au dessus de nous, ce n’est rien d’autre qu’un nuage. Tu dis qu’il faudrait un champ entier de fleurs différentes. Différentes en hauteur, très différentes en son. Il nous faudrait un champ entier de fleurs différentes en sonorité pour mettre sur toutes les tombes. Tu continues de dire, Monsieur Chemier, A mon mari, pour toujours. A notre père tant aimé. A ma sœur. Aux dieux reconnaissants. Ce pluriel aux divinités te plaît et te rend paysan.
Tu dis tous ces morts qui n’existent plus pour personne, il faudrait les faire nôtres, sans les brusquer, ce sont les nôtres de toutes façons. Les allées du cimetière deviennent jaunes de lumière. Il faudrait les faire notre et venir ici les fleurir souvent.
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