28 avril 2012
dénouer les estomacs
normalement c’est interdit. c’est risqué près de l’eau. ce serait dommage de vous casser quelque chose. normalement le porte bagage est fait pour porter des bagages, un jour comme ça où vous devriez rentrer chez votre mère, lui rapporter son courrier, je sais pas un jour, il vous faudrait revenir des courses un peu chargé
mais le porte bagage n’est pas calibré pour qu’on y pose des fesses ou un cœur aussi rempli d’oxygène.
normalement à cette heure-ci de la nuit, on n’éclate pas de rire sans retenue le rire ça résonne et les voisins, juste au dessus du fleuve ça risquerait de leur faire une drôle d’impression autant d’amour projeté en l’air.
normalement passé un certain âge, on ne se prête à de pareilles courses déjantées, les pavés sont glissants et on pourrait s’y blesser
et puis, je ne sais pas, faudrait voir ce qu’en dit la police, mais ce sourire, là, si large, envahissant, bientôt ça leur monterait derrière les oreilles, et ça chatouillerait le crâne, ce genre de sourire vous lui donnez un peu, il vous prend en entier, je ne sais pas vraiment si c’est légal
en résumé, une femme pédale près du fleuve, il 4h30 passés, sur le porte bagage à l’arrière, un homme a dénoué sa cravate ses souliers ses lacets d’estomac ils sont heureux ils rient comme on patauge dans l’écume, ils chantent parfois pour les mouettes qui siestent pas loin. si rien de cela n’est autorisé, faut tout changer.
17:59 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : marie richeux, polaroid
Commentaires
Bonjour Marie,
Que dire... Comment commencer.
Merci, trop fade. Et pourtant, c'est cela uniquement.
J'ai découvert votre émission sur France Culture il y a quelques semaines, et depuis, je ne peux pas m'en passer. Comme une drogue, douce. Si douce.
Je ne sais pas si vous savez le bien que vous pouvez faire aux gens quand vous êtes derrière votre micro. Vous m'instruisez, me faites voyager, m'ouvrer l'esprit, les oreilles.
Et puis vous m'avez aidé à concrétiser une envie qui se rapproche beaucoup de votre projet (cf. mon blog).
Je pourrais encore vous remercier de m'avoir fait découvrir L'Impossible. Et encore, et encore.
Je m'arrête là pour ce soir. Je vais me promener avec mon casque sur les oreilles et mon podcast sur le cœur. Et normalement je suis heureux. Et je le suis. Ou plutôt joyeux, état moins statique et mot que je préfère (Ah ! les mots...).
Merci mille fois. Continuez. Et si vous perdez la foi, écrivez moi...
Nicolas
PS : j'ai essayé de laisser un commentaire sur France-Culture, mais je ne trouve pas ou...
Écrit par : Nicolas | 29 avril 2012
Merci merci merci merci merci merci
pour l'écoute et les mots en retour
Et pour la joie
De surcroit
Écrit par : mariemarie | 02 mai 2012
Marie,
le nombre de fois où on doit vous dire que vous savez faire parcourir de frissons sur des inconnu-e-s...
C'est la deuxième fois que je passe ici, j'ai tout d'abord réfléchi à une grande déclaration censée vous faire vibrer quelques pores d'existence, mais je me suis dit que j'allais m'emmêler les roues dans des phrases que je préférerais volutes.
Juste un bel accident : je réalise à vrai dire que je suis rarement chez moi à 16:00, que lorsque j'y rentre à cette heure-là c'est généralement que je suis fatigué, que je veux éteindre la radio que je laisse allumée en partant le matin pour mon chat (oui), mais je ne l'éteins pas au premier son de votre voix. Tout d'abord la voix, je dois l'avouer (on a dû tellement vous le dire), puis les propos, les images qui s'enchaînent merveilleusement. C'est dingue qu'humainement ceci puisse encore exister.
Mon message initial ! Où est-il possible de trouver votre début de texte mentionnant tout ce que tout le monde dit à propos du temps météorologique à chaque changement de saisons ? C'est tellement vrai, et j'avoue personnellement plutôt fuir ce genre de discussions sociales justement... :)
Merci.
cx
Écrit par : Charles Xavier | 25 octobre 2012
Marie,
épousez-moi, ce sera bientôt possible.
Rien de plus.
Écrit par : CC | 18 décembre 2012
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