Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31 août 2010

Saouls.

 

IMG_9248.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il pleut. La rue a presque sommeil, ici deux jeunes hommes, appuyés contre des vélos, le pantalon de survêtements remonté aux genoux. Ils ont eu un peu chaud. L’un d’entre eux à la peau du cou rouge, comme de l’urticaire.
Ils avaient décidé de quitter le centre ville sur deux vélos volés. Ils avaient pédalé fort pour laisser au plus vite derrière eux le marchand de bicyclettes d'abord, les quelques restaurants trop pleins, les enseignes bruyantes et vulgaires.
Il avait fallut peu de temps pour que les immeubles deviennent de sombres pages déchirées. Les cours, des entrailles que l'on tremblait à pénétrer. Non qu'elles aient abrité quelque véritable danger mais c'est qu'elles entouraient de leur gros bras de pierre, de petits groupes d'âmes en peine, de vrais hommes, enfin quelque chose de consistant, qu'ils n'auraient jamais aimé voir se dissoudre par la seule raison de leur traversée en VTT.
Ils avaient roulé donc dans les allées larges, secoués par les chaussées irrégulières, jetant des coups d'œils furtifs à ce que les porches dégradés laissaient entrevoir. Soit, de grands terrains vagues pareils à ceux qu'ils avaient longtemps écumés enfants. Soit, des parkings improvisés et des toboggans en plastique.

Il y avait dans ces cours d’immeubles une preuve du vivant. Une preuve que cette ville, ce pays, dans lequel ils étaient nés, n’était pas tout à fait anéanti.

 

Deux jeunes hommes donc, en noir et blanc, appuyés sur des vélos volés, le pantalon de survêtements remonté aux genoux. Songent aux temps anciens, durant lesquels au coucher du soleil, chacun se devait de rentrer chez lui, et de rapprocher comme des agneaux, tous les enfants près du poêle.
Deux jeunes hommes en noir et blanc, qui essoufflés, s’enivrent de présent

 

30 août 2010

meilleure mafia

 

IMG_0917.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la masse des rochers, seuls trois se détachent. C’est  de la lumière franche au milieu du reste. Les sols sont verts foncés, recouverts d’herbes sans nom, et le reste, justement, le reste est violet. Fin d’après midi, les nuages sont descendus au plus bas / près de l’eau. La plage est désertée, mais quelques îlots de personnes subsistent. Deux femmes, la quarantaine, le buste recouvert de maillots bleu passé ne font rien, je veux dire elles regardent devant, mais ne font rien de plus. A côté d’elle une adolescente, au corps laiteux et mou se repeint les ongles des pieds. La majorité, les autres, lisent un truc, des feuilles légères. C’est très calme.

Le temps a eu tout l’espace pour passer et l’ensemble des visages semble marqué par ça. Ceux qui sont encore là sont illégaux. Marchent en dehors des plates bandes. C’est l’heure batarde de la plage, entre l’après midi criante et la promenade silencieuse d’après diner. Ni le jour, ni le soir. Cette zone de frottement aux alentours de sept heures : ce qui vient de se passer meurt doucement avant que ne redémarre le reste avec les pétards et la musique forte.

Ceux qui sont là sont illégaux et cette petite mafia est souriante, se mate avec connivence, cherchant à deviner lesquels d’entre eux  partiront les premiers. Il s’agit d’une paresse de groupe en toute intelligence. Et cette paresse là s’inscrira de manière génétique dans le corps de chacun, de façon à ce qu’un jour, en plein chaos, dans la ville trop bruyante, la petite mafia se reforme, tentaculaire à souhait.
Chacun de son côté convoquant le souvenir, et, vers sept heures du soir encore, faisant descendre près du sol un ciel lourd d’oisiveté.