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30 octobre 2010

correspondance

Paris 15 avril 1860, Ta Marie chérie.

Mon Eugène, je vole quelques minutes à l’aube pour t’écrire cette missive.  Il fait étrangement froid pour avril et même la moindre chaleur de la lampe à pétrole me console. Je porte ta vieille veste de laine elle me fait de grand bras. J’aimerais qu’ils fussent suffisamment grands pour t’y bercer mon tendre. Cet océan d’oubli et d’hiver qui s’étend entre nous me noie depuis des mois et j’y ajoute les larmes. Je passe mes journées entières à la laverie. Madame Doutais est tantôt bonne, tantôt mauvaise, mais nous avons du travail.
Mes nuits ne ressemblent à rien sinon l’inquiétude de te savoir là bas dans quelque chose de si grand que j’en oublie le nom.
Je suis ridicule mais je jalouse cette montagne que tu creuses de tes mains. Ridicule mais je jalouse le vent qui te fait les joues rouges. Je hais les hommes qui partagent ton quotidien et cette pauvreté d’ici qui te fit partir là-bas.
On dit qu’en Amérique, la gangrène guette les aventuriers je meurs de te savoir malade. Ecris moi.
On dit qu’en Amérique, les femmes guettent les aventuriers, je meurs de te savoir épris. Ecris moi, Eugène.
Il m’importe bien peu que tu reviennes riche, tant que la pierre ne t’a pas assommé, que la maladie ne t’as pas rongé le torse. Il m’importe bien peu ce que tu as ou non dans ton petit sac de cuir noir. C’est une idiotie que d’être parti si loin.


Je t’aime idiot, je grelotte et je t’aime. Rien n’est vrai que cela, écris moi.

 

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Commentaires

On ne peut que la conseiller de regarder l'Ernest avec moins de mépris, l'autre ne rentrera pas.

Écrit par : PhilippeC | 30 octobre 2010

tous les espoirs sont perdus. je le crois aussi....

Écrit par : mariemarie | 30 octobre 2010

Ce texte est superbe... j'ai adoré vous entendre le lire ce matin là...
Merci à vous Marie...

Écrit par : Nadia | 04 novembre 2010

Les commentaires sont fermés.