01 septembre 2016
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Les dogmes ne sont pas des règles mathématiques reçues une fois pour toutes et appliquées mécaniquement. Ils doivent devenir en quelques sortes des prises de conscience ; des intuitions, des émotions, des expériences morales qui ont l’intensité d’une expérience mystique, d’une vision. Mais cette intensité spirituelle et affective se dissipe très vite. Pour la réveiller, il ne suffit pas de relire ce qui a déjà été écrit. Les pages écrites sont déjà mortes. Ce qui compte, c’est de formuler à nouveau, c’est l’acte d’écrire, de se parler à soi-même, dans l’instant, dans tel instant précis, où l’on a besoin d’écrire, c’est aussi de composer avec le plus grand soin, de chercher la version qui, sur le moment produira le plus grand effet, en attendant de se faner presque instantanément, à peine écrite. Les caractères tracés sur un support ne fixent rien. Tout est dans l’action d’écrire.
* Pierre Hadot. La citadelle intérieure.
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23 août 2016
alors c'était loin ?
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24 juillet 2016
- mille et une vies
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saute aux yeux
le réseau n'est pas de faire; il est dépourvu de tout pour, et tout excès de pour le met en lambeaux dans le moment même où la surcharge de projet y est déposée.
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on peut enlever la nécessité du vouloir pour s'en tenir à la coïncidence, la coïncidence étant une position que nous pouvions tenir sans être assiégés.
les coïncidences ne nous demandaient rien;il nous suffisait de les percevoir et, le coup d’œil acquis, elles se multipliaient en se diversifiant.
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ce qui me saute aux yeux c'est la coïncidence entre non-violence et non-vouloir.
--- deligny ( ici )
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- mille vies
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08 juillet 2016
la beauté est du dieu arrêté
l'homme est celui à qui une image manque. qu'il ferme les yeux et qu'il rêve dans la nuit, qu'il les ouvre et qu'il observe attentivement les choses réelles dans la clarté qu'épanche le soleil, que son regard se déroute et s'égare, qu'il porte les yeux sur le livre qu'il tient entre ses mains, qu'assis dans le noir il épie le déroulement d'un film, qu'il se laisse absorber dans la contemplation d'une peinture, l'homme est un regard désirant qui cherche une autre image derrière tout ce qu'il voit.
la fascination est la perception de l'angle mort du langage. et c'est pourquoi ce regard est toujours latéral.
_le sexe et l'effroi - quignard__
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27 juin 2016
Il se trouve qu’il y a dans un coin un harmonium abandonné
" Elle a raison, on n’est pas obligé de tout dire et puis parler en marchant ce n’est pas pratique. Elle ne dit toujours rien, on marche dans un jardin ultrachaud, mouches bourdonnantes, ouragan d’arbres vert sombre, chemise de jour en grosse dentelle, un paysage cultivé et sauvage en même temps. C’est exactement ce qu’on veut. Prairies mosaïque, chaleur énorme, trajet assez long dans un jardin fouillis et crac, on se retrouve nez à nez devant la maison, enfin, la maison parfaite, la magie normale accessible à tous. Ferme puritaine Old England, bibliothèque remplie jusqu’au cou de livres, petites aquarelles de fleuves gris, objets quotidiens devenus gravures sur bois, grosses poutres et odeur de grange, cabane géante au bord de la forêt, je suis comblé, lui dis-je, et on s’embrasserait.
Sexe doré.
On infuse l’après-midi dans une baignoire de bois remplie d’une grosse pelletée de feuilles de tilleul. J’aime son appareil de vision.
J’aime sa peau et ses tendons.
La manière extraordinaire avec laquelle ses nerfs articulent son visage.
L’amour chez les Sioux, je lui dis pour rire.
Ah vous êtes chanteuse.
Je ne savais pas.
Bon.
Je défonce à coups de hache un petit bonheur-du-jour en bois de violette. La marqueterie ressemble au bois précieux d’un violon. Je reconstruis. Luthier maison. Je colle, je coupe, aussitôt dit, aussitôt fait. On joue. Il se trouve qu’il y a dans un coin un harmonium abandonné, on se fait des cantates à deux en réduction.
Il y a des touches avec voix d’ange.
On pédale pour faire respirer le petit orgue.
On pense à l’été, on pense à l’été du point de vue de l’hiver, on rêve à l’été. On s’agrandit, comme le cœur qui gonfle, ou les bras s’ouvrent, afflux de larmes, sternum relâché, abdomen d’abeille, vive les comparaisons, j’ai des ailes de libellule. En calque veiné et plume de soie. Elle me fait penser à quelqu’un qui sans le savoir, importerait dans une campagne moyenne, belle, mais à petite dimension, un paysage énorme comme ces parcs où l’on reconstituait avec quelques rochers au centre des villes une impression de montagne en accéléré. Faisons comme elle, agrandissons, prenons le large, vacances, abandonnons les détails. Grue gigantesque, ballon, on lâche les sacs de sable et on se retrouve en haut. "
un mage en été ____ olivier cadiot
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12 juin 2016
qu'il pleuve
Si le bahjan est remarquablement exécuté, si la musique est là, alors il se peut qu'il pleuve.
22:24 | Lien permanent | Commentaires (1)
05 juin 2016
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29 mai 2016
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Je disais, m'étirant, ah c'est fou d'avoir dormi comme ça. Si vite. D'avoir dormi à pic. D'avoir plongé, verticale, dans un sommeil noir et doux. Silence. Fait le tour de mon corps. Lumière artificielle.
Et ça va durer quelques secondes la machine sur le visage ?
Quelques secondes exactement.
Parce que je me concentre facilement mais je suis chatouilleuse.
Silence, sourire dans le silence.
Mains métalliques, lumière artificielle.
Contre toute attente, nous rions aux éclats.
Aux éclats, puis dire, émus :
On a du mal à croire quand existent ces éclats-là, mais c'est une vie entière. À chaque fois.
Enfin j'ai fait un rêve génial où on explosait de rire
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12 mai 2016
merci
Sortir du paradigme du gouvernement, c'est partir en politique de l'hypothèse qu’il n’y pas de vide, tout est habité, nous sommes chacun d’entre nous le lieu de passage et de nouage de quantité d’affects, de lignées, d’histoires, de significations, de flux matériels qui nous excèdent. Le monde ne nous environne pas, il nous traverse. Ce que nous habitons nous habite. Ce qui nous entoure nous constitue. Nous ne nous appartenons pas. Nous sommes toujours déjà disséminés dans tout ce à quoi nous nous lions. La question n’est pas de former le vide d’pù nous parviendrons à enfin ressaisir tout ce qui nous échappe, mais d’apprendre à mieux habiter ce qui est là, ce qui implique d’arriver à le percevoir – et cela n’a rien d’évident pour les enfants bigleux de la démocratie. Percevoir un monde peuplé non de choses, mais de forces, non de sujets mais de puissances, non de corps, mais de liens. C’est par leur plénitude que les formes de vie achèvent la destitution. La soustraction est affirmation et l’affirmation fait partie de l’attaque
* a nos amis - comité invisible - la fabrique
12:02 | Lien permanent | Commentaires (2)
05 mai 2016
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" je lui caressais le sommet du crane, entre les oreilles. Il a ouvert tout grand la gueule et baillé,
j'ai vu sa langue rose. "
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21 avril 2016
_ rendre son regard
« Dans la forêt il faut toujours dormir sur le dos, visage découvert, explique Juanicu à l’anthropologue Eduardo Kohn qu’il guide. Si l’on dort ainsi, on est vu par le jaguar qui rôde comme « un soi », parce que l’on peut, dans cette position, rendre son regard au jaguar. Le jaguar me reconnaît symétriquement en tant que « soi comme lui-même », et me laisse ainsi tranquille. Mais si l’on dort sur le ventre, visage caché, alors on est vu par le jaguar comme de la viande, et ce dernier n’hésite pas à attaquer. L’identité de l’humain (« soi » ou viande) change en fonction du regard que le jaguar porte sur lui. La manière dont les autres types d’être nous voient importe. Elle change les choses ."
* morizot
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01 avril 2016
comment te dire que je t'aime, couleur
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20 mars 2016
je le regarde toujours et toujours le trouve différent.
18:47 | Lien permanent | Commentaires (3)
15 mars 2016
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l u m i è r e
l u mi è r e
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09 mars 2016
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{ son // dominique petitgand + des vagues de frehel + un philosophe + un poème de desnos }
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m i n u i t silence
11:19 | Lien permanent | Commentaires (1)
06 mars 2016
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20:22 | Lien permanent | Commentaires (1)
03 mars 2016
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" Visible et mobile, mon corps est au nombre des choses, il est l'une d'elles, il est pris dans le tissu du monde et sa cohésion est celle d'une chose. Mais, puisqu'il voit et se meut, il tient les choses en cercle autour de soi, elles sont une annexe ou un prolongement de lui-même, elles sont incrustées dans sa chair, elles font partie de sa définition pleine et le monde est fait de l'étoffe même du corps. Ces renversements, ces antinomies, sont diverses manières de dire que la vision est prise ou se fait du milieu des choses, là où un visible se met à voir, devient visible pour soi et par la vision de toutes choses, là où persiste, comme l'eau mère dans le cristal, l'indivision du sentant et du senti.
Cette intériorité-là ne précède pas l'arrangement matériel du corps humain, et pas davantage elle n'en résulte. Si nos yeux étaient faits de telle sorte qu'aucune partie de notre corps ne tombât sous notre regard, ou si quelque malin dispositif, nous laissant libre de promener nos mains sur les choses, nous empêchait de toucher notre corps ― ou simplement si, comme certains animaux, nous avions les yeux latéraux, sans recoupement des champs visuels ― ce corps qui ne se réfléchirait pas, ne se sentirait pas, ce corps presque adamantin, qui ne serait pas tout à fait chair, ne serait pas non plus un corps d'homme, et il n'y aurait pas d'humanité. Mais l'humanité n'est pas produite comme un effet par nos articulations, par l'implantation de nos yeux, (et encore moins par l'existence des miroirs qui pourtant rendent seuls visible pour nous notre corps entier). Ces contingences et d'autres semblables, sans lesquelles il n'y aurait pas d'homme, ne font pas, par simple sommation, qu'il y ait un seul homme. L'animation du corps n'est pas l'assemblage l'une contre l'autre de ses parties ― ni d'ailleurs la descente dans l'automate d'un esprit venu d'ailleurs, ce qui supposerait encore que le corps lui-même est sans dedans et sans « soi ». Un corps humain est là quand, entre voyant et visible, entre touchant et touché, entre un œil et l'autre, entre la main et la main se fait une sorte de recroisement, quand s'allume l'étincelle du sentant-sensible, quand prend ce feu qui ne cessera pas de brûler, jusqu'à ce que tel accident du corps défasse ce que nul accident n'aurait suffi à faire... "
l'oeil et l'esprit. merleau ponty
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