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18 novembre 2011

et les textes non parus paraîtront - le quatre décembre

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08 novembre 2011

tous saints

photo.JPGLeur case l’est belle, leur case l’est soignée correcte, leur case l’est fleurie le mardi premier novembre. Et les familles sont nombreuses dans les allées. Et le soleil lourd comme une vache, tombe sur les épaules dodues, et l’on s’en prévient à coups de parapluies colorés.

On fait tout à l’envers de travailler ce jour là. On marche entre les tombes. D’abord si grandes, si lisses, portant haut la croix et le marbre,
et puis plus cascassées, plus discrètes aussi, parfois recouvertes par la terre et les pas.

On fait tout à l’envers de travailler ce jour là.

Le gardien même, tout de bleu vêtu, va retrouver un coin d’ombre, près des vivants pas loin des morts, pour finir la journée et retrouver le calme. Le gardien rentre chez lui.
Ici et là, des petits gobelets de rhum sont déposés sur les stèles. Un christ en ferraille côtoie un collier de fleurs. On a coupé la tête d’une coco, bien verte, et bien grosse et glissé une paille dedans si d’aventure les âmes longtemps avaient une petite soif.
Crois moi ou pas c’est l’océan qui lèche les tombes, et le peu de vent nous sert de respiration. Il n’y a pas de chemisiers noirs. Il n’y a pas de chagrins ridés. C’est une visite amicale et émue, au souvenir de qui n’est pas tout à fait enfui. C’est une célébration des coquins  qui réclament attention. C’est une après midi chaude, aux
ancêtres, à Saint Denis de la Réunion 

le petit meneur nu

Le torse d’un tout jeune homme, onze ans, ne contient que les poumons. Rien d’autre encore que ces organes mous et traversés de tant de routes. Pas de muscles saillants, pas de poils au milieu, pas de carré-rectangle au niveau des épaules. Pas de pomme d’adam pour trahir la gorge. Les tout jeunes hommes ont un relâchement dans le pas, qu’ils perdront bien trop vite. De la même façon qu’ils finiront par perdre le vif éclat de leurs yeux.
Il ne tient pas de longe, il n’a rien accroché à la gueule de son animal, mais c’est son animal. Il a posé délicatement sa main sur le poitrail, là où il fait chaud dormir pour les mouches et les tants. Le cheval est gris et la terre est battue d’ocre rouge. Ils ont tous les deux des yeux fait au charbon et le regard qui doucement se déporte sur la gauche.

C’est le meneur, le petit meneur nu, dont le sexe ressemble à celui d’un nourrisson, mais qui a la main déjà sur la hanche et une façon de poser le pied sur le sol qui rappelle la foulée. Au dessus du genou, les cuisses se dessinent et trahissent les courses folles qui les épuisent avant le sommeil.
Ils sont seuls au milieu d’un monde qui ne les accueille pas, mais ne traque pas leurs souvenirs. Ils sont un centaure, rendu à ses pôles. Une peinture d’étonnement.