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29 septembre 2011

.......................... (c) ROMAIN BERNINI ::: LOnely Riot

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Avant c’était un mur contre lequel on jouait à la balle. Un mur dur, peint en bleu contre lequel nous envoyions cogner toutes sorte d’objets ronds. Avant ici, on riait. Avant nous étions enfants, et la guerre n’était pas la même. Si tu regardes dans le coin, tu te souviendras que nous construisions de nos mains de petits châteaux de sable, sur lequel personne n’aurait osé soufflé, et ces batards ont marché dessus en gros godillots.

Il est fou de rage. Son bras s’abat, ses muscles lourds se laissent choir comme du plomb, il lance, et nous n’avons pas vu ce qu’il lance, il est dans la fumée rose, il veut faire croire que sa colère est muette.
Mais on le connaît. Ses joues rondes, qui pointent au dessous de la barbe, la chemise entrée dans le pantalon pour ravir sa mère. Son bandeau de tissu pour tenir les cheveux qu’il a laissé pousser. On le connaît, on sait comme il boue.
Sa rage c’est la notre et si elle est rose c’est qu’elle est pourrie et radioactive. On vous aurait fait imprimer un carton d’invitation pour notre belle émeute du cœur, vous ne seriez pas venus,  alors on a commencé la fête sans vous.
On a fait pété les fusées solaires, on a fait déborder la piscine et on a même brûlé les livres en pleurant.

Avant c’était un mur contre lequel on jouait à la balle. Un mur dur, peint en bleu contre lequel nous envoyions cogner toutes sorte d’objets ronds, en dansant. Aujourd’hui il n’y a que la fumée pour danser. Le mur est monté trop haut.

barbelés blues

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Voyez la suite du western, visualisez ce qui arrive après. Visualisez le paysage vers le lequel Lucky luke se dirige, pareil à lui même, en lonesome cow boy. Visualisez ceci et agrandissez le champ.

C’est une plaine immense, caillouteuse, la chaleur fait naître à certains endroits, des hologrammes fumants, des mirages au goût d’essence.

En marchant vous ne pouvez faire autrement que déranger les cailloux, et ce roulis est votre musique. Vous aussi, vous traînez les pieds, ode à la vie lente et pesante qui se déploie dans le désert.
Devant vous, en guise d’horizon, une ligne de barbelés, agressive, piquante, étendue jusqu’à l’extrême. Et accrochée à elle, résistant aux vents, ou jouant avec eux, des sacs plastique de couleurs pâle. Limés par le sable. Des bouts de tissus, dont on ne peut oublier qu’ils appartenaient avant à un pantalon, à une chemise, à un manteau de femme.
Ils sont les vestiges téméraires d’une vie qui a lieu. De part et d’autre de la ligne. Avant même que les barbelés ne s’élèvent et séparent en deux camps, une terre dont on croyait que personne n’en voulait. Mais sous le ciel certains ont tiré des balles, et d’autres on foutu du poison goûte à goûte dans un vin qu’on vend cher.
Le désert est amaigri. Les barbelés ont le blues. Les haillons leurs tiennent pour peau de chagrin mais c’est tout ce qu’on peut faire… c’est pas une vie d’être fil de fer au milieu de rien…

24 septembre 2011

le notre

Notre stop
Notre chant des vélos
Notre tour du lac
Notre nuit
Notre chien Bomber
Notre matin plagié
Notre larme le 1er janvier
Notre bateau araignée d’eau
Notre larme le 23 août
Notre purée de pommes
Notre marche la nuit
Notre maison des Ebhiens
Notre pont
Notre ancien hôtel
Notre errance d’aéroport
Notre danse des ombres plates
Notre ping-pong instable
Notre papier
Notre film
Notre nuit d’amour ratée
Notre nuit
Notre piscine sur le toit
Notre tunnel notre pluie
Notre liberté diamant
Notre absence
Notre idée du ciel
Notre mariage(s)
Notre couleuvre
Notre télévision parallèle
Notre piscine au sous sol
Notre blessure
Notre thé partisan
Notre écran noir
Notre silence étouffé
Notre virus étouffé
Notre baignoire
Notre édition
Notre temps

qui finance l'impression des flyers ?

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si d'air - bout 2

Je mets un pied le long du poteau,
je mets l’autre plus haut sur le même poteau,
les mains grattent la ferraille, la ferraille gratte la peau,
Tu me ronges ou quoi?

J’augmente les pieds plus haut plus haut.
Je dis : une fois sur le fil, le vieux fil du vieux fou, je trouverai l’air qu’il y a laissé.
C’est l’injustice que personne ne le respire plus, le gâchis dégueulasse.

Moi je m’y colle je dis, au cas où que de l’air serait resté en stock,
pas respiré par l’acrobate,
mais qu’il avait en projet de,
un air qu’il aurait mis dans ses poumons si il y avait été encore,
moi je m’y colle,
j’y monte,
qu’en mes poumons y’aurait forcément une place, que dis-je ?
de jolis tuyaux.

no reply dit-il

Après la clairière, il y avait ces deux trois lattes de bois qui faisaient une maison,
et dans cette maison une chaise, et pour cet homme un coin chaud.
Il était assis, n’avait en rien touché à la lumière et, la pièce s’éclairait par intermittence.
Son visage, ses joues, la naissance de sa barbe, n’avaient pour ampoule, qu’un bout d’astre. Avec la main il caressait le  mur plein d’échardes, avec la main encore, il cherchait des yeux pour voir. Personne n’a vu mes yeux, par hasard ?
Dans le silence sa voix lui revint, à peine augmentée de l’écho, un drôle de râle.
Alors il chercha ses mains, quelque chose comme ses mains, pour toucher de nouveau… Mais rien ne vint ni les mains, ni la réponse.
Au dessus du bois quelques étoiles lui faisaient une couronne.  Quelques oiseaux de nuit ne se reposaient pas. Quelques bruissements de feuilles chuchotaient que le monde est vivant. Il osa, en criant, personne ne m’a vu, c’est ça ?
Je me cherche moi.
La voix se cogna à peine aux parois de la pièce et l’enveloppa comme une couverture froide.  C’était du silence autour, de ce silence brunâtre si difficile à peindre…

j'ai perdu ma tribu tous mes frères et mes soeurs que sont-ils devenus

paris dehly bombay, marie richeux, photo

je te maudis

Je me tiens au bout de la falaise. Mes mains sont glissées dans la vareuse. Mes mains sont abîmées d’avoir construite de bois et de terre, cette maison pour nous deux. Pour que nous y lisions en paix. Pour que nous regardions grandir les enfants de nos femmes.

Et quand les nuages gris grondaient, je construisais.
Et quand les cloches de l’église appelaient les hommes en âge, je faisais le sourd.
Et quand je voyais déjà venir te chercher les bateaux, je construisais cette maison.
Je ne l’ai pas faite pour rire. Je l’ai bâtie aux vents, en lutte, en amour avec eux. Si tu t’en vas je me tais.

La guerre même sur les eaux me laissera sans voix, comme les animaux terrés, comme les idiots du village.
Je n’aurais plus de langage… Je n’aurais pas non plus la fierté du déserteur, j’aurais l’orage au cœur du frère de celui qui part.
Mais si tu t’en vas, si tu t’en vas vraiment, alors tu sors d’ici. De ce que je sais, les hommes ne reviennent pas. Ils vont, et vont d’un autre sens. Si tu t’en vas, tu n’es plus mon frère.
Donne leur ta force, tes poignets, tes épaules pour les fusils, mais oublie la maison qui retourne à  la terre dès que je l’aurais dit.

Je m’assiérai calme, près du foyer, au bois brun de la bibliothèque. Je chercherai aux phrases des autres ce qu’il reste d’union et d’amour à sonder. Je ne guetterai pas ton retour.
Je suis debout, à la falaise, et ce n’est pas non plus ton départ que je guette.

.......................... (c) ROMAIN BERNINI ::: Europe second version

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Le ciel est rose, il est tombé comme un rideau. Sur un volcan de Septembre.
Les parois s’effritent comme le temps en toute chose. Les parois, ocres et rocheuses d’un volcan où flotte le pétrole endormi. La surface du pétrole.
Ils ont des reflets bleus ce genre de liquide et prennent les hommes, comme le miel les abeilles, comme la merde les mouches.
Cet homme là croyait qu’en nageant, longtemps, même froide la flotte, même cassé le radeau, l’homme croyait qu’avec un peu d’effort de monnaie, ça irait l’Europe. Il irait jusqu’à elle, et comme une femme ronde et belle, elle l’accueillerait d’un baiser.
Mais c’est un baiser de la mort et maintenant c’est lui qui flotte. Le t-shirt jaune remonté sur son torse qui laisse voir sa peau brune, brûlée peut être.
La tête en arrière plongée dans le liquide, il respire il est mort, c’est le dormeur lui aussi, du val d’injustice. La peinture coule les larmes du quart monde, et heureusement c’est en couleurs, on y perdrait les nuances.

L’homme là, au volcan d’ocre, au ciel rose tombé comme un rideau, c’est de l’espoir qui coulait dans sa gorge.

16 septembre 2011

octobre

moi je connais une Suzanne qui le portait pour nom.

11 septembre 2011

on adoptait la vitesse approximative de quelque chose de lent regardé au ralenti

photo marie richeux

c'est pas qu'on crie pas

Il existe une génération au pied du mur. Une génération devant laquelle ne se dresse pas de route, pas de carte de ces routes, pas même l’idée de ces routes. Il existe tout un tas d’êtres humains, qui d’hier à aujourd’hui n’ont pas vu passer le temps, qui croient périodiquement en l’amour, et qui l’instant d’après n’y croient plus. Ne savent manifestement pas pour qui voter demain, ni après demain d’ailleurs, et n’ont pas dans le cœur de cause à défendre. Il existe des centaines et des centaines de jeunes gens qui consultent davantage leurs mails que les nuages, qui n’ont pas d’âge et n’en auront qu’à 40 ans et ce sont ceux là qui naissaient quand on abolissait la peine de mort. Il existe aujourd’hui une génération qui ne se demande même pas à quand ce sera son tour, une génération qui n’a pas tout à fait trouver son vocabulaire.
C’est pas qu’on crie pas, qu’on n’écoute pas.

autre part autre pluie

photo marie richeux

En somme, nous

Nous sommes rationnels, propres et organisés. Nous respectons les règles de conduite, sommes prudents en zone de travaux, et avalons de un à cinq fruits et légumes par jour. Nos chaussures sont pourvues de semelle anti dérapantes et nos sockettes de déodorant anti pieds. Nous apprenons les codes de la vie civile et évitons de saluer quelqu’un que l’on ne connaît pas. Nous fermons l’eau et le gaz quand nous partons en week-end, et trouvons raisonnables d’avoir trente ans pour faire 1 virgule huit enfants. Nous avons des trottoirs dans la majorité des villes, une journée d’appel à la défense et à la citoyenneté.   Nous possédons de surcroit un système d’évacuation efficace pour les eaux sales, les gens sales, les sales gosses. Un puis vers 18 heures vient l’orage, le vent, et la grosse pluie ... Tout va à volo. Ca fait un bien fou.

 

 

 


04 septembre 2011

si d'air - bout 1

Du dispositif, ne reste que le fil tiré entre les deux poteaux
le fil rouillé, tiré-rouillé faut dire, avec l’air et avec l’eau
de pluie.
Au dessus du fil : de l’air, en dessous du fil : de l’air, et sur les côtés : de l’air, de l’air, de l’air,
c’est un vieux fou qui avait fait ça.

l’histoire : c’est aller d’un poteau à un autre sans toucher le sol et faire balancer de gauche à droite, dans le vide,
une paire de bras qu’on renonce à muscler,
mais qui se muscle
quand même,

avec la peur.

Les vieux fous, les acrobates, ce qu’il en reste ?

La pellicule rougeâtre sur le fil ?
L’érosion par millimètre ?
On n’a pas idée de diminuer ainsi,
voyez-vous :
un fil
qui diminuerait trop,
resterait quoi ?

de l’air ?

 

 

c’est pas assez.

.

 

 

 

 

 

si tu m’invites, forcément,
ça influe.

fausse piste

photo marie richeux

bout

Ils n’avaient pas planté leurs yeux devant un écran depuis des semaines. Ils étaient comme redevenus larges. Ils avaient comme recommencé à voir. Leurs images se construisaient à 360, faisaient partie du monde, n’étaient pas enlevées du monde, n’étaient pas mises en boîte.
Ils avaient atterri dans cet hôtel faussement haute gamme,  au gré d’une série de réductions. Le sauna ne fonctionnant plus, le jacuzzi pas davantage, les réservations étant en baisse, ils avaient obtenu une chambre pour pas grand chose.

 

fruit du cow boy

texte marie richeux, photo marie richeux, polaroid

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si on leur avait dit qu’ainsi la roche se jetait dans la mer.
Si on leur avait dit que pareil à une langue, l’eau venait lécher la terre, si on leur avait dit qu’un rouge pouvait être aussi beau, aussi pur en vérité,
si on leur avait dit que le ciel pouvait voler si bas et d’un coup s’ouvrir comme une orange,
ils n’auraient rien cru.
Ils auraient ri comme des enfants. Comme ils le font si bien. Comme ils le font tout le temps.

Mais tout était vrai, et devant cette vue, ils étaient devenus graves. Pas tristes, ni profonds, juste graves, juste plus lourds. De ce poids qu’ont les choses lorsqu’elles dépassent la beauté. Ils faisaient dos aux montagnes à présent, et un petit désert d’ocre s’étalait devant eux. Il lui prit la main, il glissa la sienne dans son grand pull de laine. Ils étaient de frêles cow boys évadés. Ils marchaient sur les cailloux. Il lui prit la main et garda le silence, comme sa mutine chanson. De frêles luky luke, on vous dit, de simples silhouettes amoureuses, éprouvant le petit désert et laissant derrière eux, une mer endormie.
Le ciel s’ouvrit comme une orange, et du jus de lumière coula doucement sur eux. Des coulures de peinture. Le ciel ouvert comme une orange, le ciel dans lequel ils croquaient, goulument, les frêles cow boys, de leur petit désert.

le ciel du haut.

texte, marie richeux, photo cédric dupire, polaroïd 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est trois heures du matin, affiche la montre d’Eric. Presque en toutes lettres presque avec le son. Trois heures du matin sans mâcher les mots. La cour d’école est éclairée par un subsidiaire de lumière publique. Entourée de grilles peintes en rouge qu’ils ont franchi tout à l’heure. Sans grande difficulté.
Ils sont cinq. Ils ont cent ans a eux tous. Ils sont là depuis des plombes, depuis que le jour est tombé. C’était il y a… c’était passé.
Souad et Jimmy se sont assis sur le toboggan. Leurs jambes paraissent géantes, leurs chaussures et leurs crânes démesurés. On dirait qu’ils se sont trompés de décor.
Les trois autres se sont approchés de la marelle. Ce qu’il en reste alors. Des cases de peintures blanches, usées par mille milliards de sauts d’enfants.
Travis a trouvé un caillou qu’il garde jalousement tandis que les deux autres, tirent tour à tour, à pleine lèvres et à pleins poumons sur un joint d’herbe du nord… Travis jette la pierre. Encore raté, les deux rigolent à gorge déployée, plus que ne l’aurait voulu le seul comique de la situation. Souad et Jimmy depuis le toboggan leur servent d’écho.
Travis dit - en tendant la main droite pour réclamer le joint -
Travis dit : dernière chance. Avec sa voix grave, juste muée en fait.
Il lance le caillou loin devant. Il inhale la fumée. Son visage tout entier n’est bientôt plus que volutes. Le caillou vole. Semble défier toute loi d’apesanteur. Le caillou va tomber.
Travis recrache la fumée en souriant, il garde le joint au bout des lèvres, regardent les quatre autres, sur de son coup..................


Ciel !