Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 juillet 2013

il y a très peu de chien dans la bible

ce qu'on sait de quelqu'un empêche de le connaître. ce qu'on en dit, en croyant savoir ce qu'on dit, rend difficile de le voir. on le dit en somnambule, sans sortir du sommeil de la langue. on ne dit pas, on laisse dire. on laisse les mots venir, ils viennent dans un ordre qui n'est pas le nôtre, qui est l'ordre du mensonge, de la mort, de la vie en société. très peu de vraies paroles s'échangent chaque jour, vraiment très peu.
peut-être tombe-t-on amoureux pour enfin commencer à parler. peut-être n'ouvre-t-on un livre que pour enfin commencer à entendre. L'enfant partit avec l'ange et le chien suivit derrière.
dans cette phrase vous ne voyez ni l'ange, ni l'enfant. vous voyez le chien seulement, vous devinez son humeur joyeuse, vous le regardez suivre les deux invisibles : l'enfant rendu invisible par son insouciance, l'ange rendu invisible par sa simplicité. le chien, oui, on le voit.

Commentaires

Chère Marie,
Je me permets de compléter ceci avec l'Incipit du magnifique récit de Bobin.
Tout simplement parce qu'il est beau et dit tout de la poésie d'un homme touchant (et dont je me souviens un joli interview dans Pas la peine de crier...).
Nicolas

« L’enfant partit avec l’ange et le chien suivit derrière. C’est une phrase qui est dans la Bible. C’est une phrase du livre de Tobie, dans la Bible. La Bible est un livre qui est fait de beaucoup de livres, et dans chacun d’eux beaucoup de livres, et dans chacun d’eux beaucoup de phrases, et dans chacune de ces phrases beaucoup d’étoiles, d’oliviers et de fontaines, de petits ânes et de figuiers, de champs de blé et de poissons – et le vent, partout le vent, le mauve du vent du soir, le rose de la brise matinale, le noir des grandes tempêtes. Les livres d’aujourd’hui sont en papier. Les livres d’hier étaient en peau. La Bible est le seul livre d’air – un déluge d’encre et de vent. Un livre insensé, égaré dans son sens, aussi perdu dans ses pages que le vent sur les parkings des supermarchés, dans les cheveux des femmes, dans les yeux des enfants. Un livre impossible à tenir entre deux mains calmes pour une lecture sage, lointaine : il s’envolerait aussitôt, éparpillerait le sable de ses phrases entre les doigts. »

Écrit par : Nicolas | 22 juillet 2013

Marie,
comment supportez-vous l'absence de conscience sommeillant dans plein de parcelles humaines faisant le monde mais défaisant trop souvent ce qui attrait à l'amour (du moins à la force des possibles) ?


z

Écrit par : Zig | 20 août 2013

Les commentaires sont fermés.