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26 juin 2014

la meilleure façon d'être vivant c'est d'être vivant


:

1. Le vent se leva dans la nuit et emporta tous nos projets.

(Proverbe chinois)

5. Raconter des histoires parmi les pauvres a un secret : les histoires sont racontées pour qu’on puisse les écouter ailleurs, où quelqu’un, ou peut-être une foule de gens, sait mieux que le conteur ou que les protagonistes de l’histoire ce que la vie veut dire. Les puissants ne peuvent pas raconter d’histoires : les forfanteries sont le contraire des histoires, et toute histoire, même si elle est timide, doit être sans peur : or les puissants vivent aujourd’hui les nerfs tendus.

Une histoire renvoie la vie au jugement d’un autre juge dont la sentence est plus définitive et qui se trouve très loin du lieu où se raconte l’histoire. Ce juge peut se situer dans l’avenir, ou encore dans un passé qui est encore attentif, ou encore par-delà les montagnes où la chance du jour a changé (les pauvres doivent souvent parler de bonne ou de mauvaise chance), si bien que les derniers sont devenus les premiers (1).

Le temps de l’histoire (le temps à l’intérieur de l’histoire) n’est pas un temps linéaire. Les vivants et les morts se rencontrent, s’écoutent et se jugent à l’intérieur de ce temps, et plus on a l’impression d’un grand nombre d’auditeurs, plus l’histoire devient intime pour chacun d’entre eux. Les histoires sont une manière de croire que la justice est imminente, et cette croyance peut à tout moment mettre aux prises avec une extraordinaire férocité enfants, femmes et hommes. C’est pourquoi les tyrans redoutent les histoires : toutes, d’une certaine manière, renvoient à celle de leur chute.

10. Les multitudes ont des réponses à des questions qui n’ont pas encore été posées et la capacité de survivre aux murs. Ce soir, avec deux doigts, suis le tracé de ses cheveux avant de t’endormir.

john berger

22 juin 2014

,

ce gamin là
me montre tout
et pointe du doigt
la non-beauté
des nudités
pour m'initier
dans un sourire
à la chaleur humaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*

21 juin 2014

nuage, oiseaux tempête

 

En fait il dit la même chose car à peu de choses près nous disons la même chose.
Il dit qu’ici rien n’échappe au vent quand le vent souffle, et que, de la même façon, rien n’a vraiment échappé à une sorte de rouleau lourd passé sur son corps, celui de ses enfants, les enfants de ses enfants.
Il dit qu’il voudrait mettre son visage dans un autre vent, et qu’il mettrait sa main à couper ou quelque chose d’aussi ancien, que son visage il le sentirait soudainement tout autre.
En fait il dit cela, et l’autre dit aussi cela. Il se peut que la façon de le dire varie moins que ce que l’on croit savoir ou entendre. Il porte une chemise retroussée aux manches et cette raie dans les cheveux faite à l’eau de pluie, à l’eau de lac, dessinée moitié avec les doigts, moitié avec le peigne rangé dans la première poche. La poche juste au-dessus du cœur. Qui vibre quand le cœur vibre. En fait c'est aussi simple que cela c’est une raie dans les cheveux qui se trace par l'oscillation du cœur.
Il dit et l’autre dit pareil, et il se peut que la façon de le dire varie  oins que ce que l’on croit comprendre, ou voir, ou entendre. Ils sont assis sur le seul banc de cette petite gare oubliée dans le sel, et seulement le souvenir du souvenir du bruit des rails passe. Cela tombe bien, et c’est leur force, ils n’attendent rien d’autre.

 

11 juin 2014

.

La France a des réactions d'épave dérangée dans sa sieste

 

 

 

 

 

* rené char, 1943

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

08 juin 2014

ETRE AMOUREUX


podcast

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06 juin 2014

question-réponse 1

comment il faut armer un texte ? romain le raconte à coup de duels et de fusils et finalement c'est lui qui me posait la question en premier. je lui laisse la méthode on a qu'à dire. il délèguera à Dumas ou à d'autres. il est âme généreuse.
moi je demande ( toujours ) pourquoi armer un texte, et pourquoi s'armer à l'intérieur du texte, et pourquoi fabriquer des textes armés.

d’abord parce que je me méfie du désir d'écrire et qu'en même temps que je me laisse volontiers faire par lui, je-le-braque-ce-désir. qu'est ce qu'il y a dans la veste du désir d'écrire ? c’est louche. moi, je vois entrer un type bourré dans un saloon avec une main suspecte à la ceinture, je crois que je me tiens prête à dégainer. pas pour le blesser ( j'ai des impératifs de douceur )  mais pour être certaine de pouvoir discuter tranquille.
il s'agit de s'armer devant un texte pour être certain de pouvoir discuter (tranquille) avec son désir d'écrire.

l'idée "d'avancer armé", avance elle-même, avec l'idée de virilité. mais on peut, on doit, illico, lui substituer l'idée de puissance. armer un texte c'est lui assurer des sous-souls et des enfers puissants, qui le lestent sans l'alourdir en apparence. armer un texte c'est lui permettre d'être conscient et inconscient de lui-même, et lui offrir la souplesse des deux. on dirait armer un être de connaissance, qu'il soit tout à fait libre de l'oublier. de s'en passer sévère.

j'arme mon texte contre ses propres pentes. ses propres tournures. les miennes. je veux qu'il puisse les défaire quand le lecteur approche. se désaper. sans intro. j'arme un texte pour qu'il n'ait pas peur de se retrouver nu, déshabillé, sa bite et son couteau.
la langue compte dans ses rangs suffisamment d'appareils d'oppression, de logique de répétition, d'histoire savante, pour que le texte soit légitime à être armé contre ça.

j'arme un texte car je crois dans l'exercice de cette violence. c'est la seule que j'accepte. elle est l'érotisme même.

une fois pour toutes, surtout, surtout, j'arme un texte dans l'espoir à peine naïf de désarmer les humains.