19 octobre 2010
la seconde surprise de l'amour
Personne n’a fait le coup de la panne à personne. Si l’ascenseur se trouve coincé entre le quatrième et le cinquième étage c’est une simple question de mécanique. Une histoire de câble mal enclenché mal fichu qui s’est pris dans la poulie. Il faut dire que l’appareil n’est pas tout neuf. Il n’y a qu’ à voir les lignes blanches qui strient la moquette des parois, on croirait les rides d’un arbre qui indiquent son âge lorsqu’on en scie le tronc. La moquette est d’origine. L’ascenseur aussi.
Au premier rebond, Kate avait senti son cœur opérer un brusque va et vient. De bas en haut suivant le mouvement de la cage d’ascenseur elle même, et là aussi selon une simple question de mécanique. L’émoi avait fait naître quelques taches de rousseurs sur sa peau à l’habitude si blanche /et Kate avait rattrapé de justesse un petit hoquet nerveux. Notez que ses cheveux étaient encore mouillés et gouttaient par mégarde sur le plancher de bois.
Léo, lui, avait simplement posé une main près des boutons d’étage, pour se retenir de tomber. La brutalité de l’arrêt lui ayant fait perdre l’équilibre. Cette main était venue, simple question de mécanique, frôler l’épaule de Kate. Légèrement mouillée elle aussi, vous savez pourquoi.
Le petit haut parleur, qui lui n’était pas d’origine, continuait de crachoter non pas une musique d’ascenseur, mais celle d’un orchestre triste et néanmoins vaillant, qui se serait mis à jouer sur le pont d’un bateau monumental prêt à sombrer dans l’eau. La mélodie épique fit songer à nos deux naufragés de la cage d’ascenseur qu’ils s’étaient peut être déjà rencontrés dans une vie antérieure. Une vie où Léo l’aurait pris par la taille sur la proue d’un bateau en lui disant qu’elle était une reine. Une vie antérieure beaucoup plus sirupeuse, vraiment antérieure. Bref, l’idée ne manqua pas de rajouter aux rougeurs sur les joues de Kate, dont les lèvres, simple question de mécanique, se trouvaient si près si près de celles de Léo, qu’on aurait juré à un futur baiser de cinéma.
05:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, marie richeux, texte
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