Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07 décembre 2010

mais pour où ?

IMG_1446.JPG 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le couloir est très propre. Rien devant rien derrière. Rien sur les murs qui pourraient distraire…que du crépi beige tirant sur le saumon. Odile marche, met un pied devant l’autre avec une application déconcertante. Elle compte ses pas. « Et de trois, suivi de quatre, et de vingt sept et de vingt huit ». Lorsqu’elle touche la porte qui ferme le service, ne tente pas de la pousser ni de passer un œil dans la vitre brumeuse, fait simplement demi tour et recommence le compte. Elle présente sereine et souriante et entremêle maintenant ses chiffres de petites comptines dont elle semble aller chercher les mélodies au plus profond derrière le crâne, dans la piscine sans fond de la mémoire. Très très loin, il y a mille ans. Elle porte cette robe de chambre mohair qui commence à faire sa réputation, ses cheveux sont bien coiffés et sa peau est encore lumineuse malgré les nombreuses marques du temps.  « Trente sept, trente huit » compte-t-elle, toujours sûre de ses deux pieds. Alors une jeune femme entre dans le couloir, son âge divisé en quatre. « Bonjour Odile ». Quelque chose se trouble dans le regard de la vieille femme. Elle s’approche. Passe une main sur le visage lisse de l’infirmière qui ne bouge pas. S’approche d’avantage, caresse de nouveau la joue, et le corps de la jeune femme s’est arrêté de bouger comme pour ne pas empêcher le retour fulgurant d’une mémoire qui n’a plus aucun ordre. Odile parle maintenant dans son menton, rien n’est audible sinon une liste de prénoms féminins qui ont remplacé les chiffres des pas. Alors que la lumière automatique du couloir vient de s’éteindre, elle pose sa tête et ses cheveux blancs comme la neige sur la poitrine rebondie de l’infirmière de garde.
Et puis tout sourire elle s’en va.

 

Commentaires

et voilà: preuve que malgré tout une forme de liberté peut demeurer, qu'on repêche au fond de la "profonde piscine", et qu'alimente ici la marche

Écrit par : un promeneur | 13 décembre 2010

il y a comme dans la lecture des photos par Roland Barthes, dans vos textes le signum général,
et pour chacun différent : le punctum, ce mot ou ce groupe de mot qui bascule le texte, qui touche.
le mien ici ?
"cette robe de chambre en mohair"

Écrit par : seb | 15 décembre 2010

c'est drôle, un auditeur écrivait hier en parlant des "mots clefs ", "qui articulent, qui ouvrent, qui basculent les autres." ce n'est pas vous par hasard ???

Écrit par : mariemarie | 15 décembre 2010

Bonjour Marie,

Je viens d'entendre l'annonce de votre passage de micro à Sophie Joubert le 23/12 et je viens donc ici en urgence. Ce passage de micro est-il temporaire ou définitif ? Aurez-vous toujours votre Polaroid ?

En râlant préventivement sur ma radio pourtant préférée pour m'avoir enlevé une voix qui au réveil ne me parlait pas d'actu (ou si peu) mais de poésie, j'attends votre réponse avant de re-décaler mon réveil à 7h.

Si par malheur votre Polaroid n'est plus diffusé, j'espère que nous le retrouverons sous une autre forme, ailleurs, ou que nous vous retrouverons dans d'autres projets, à la radio ou sur internet...

Merci pour les matins d'avant.

Écrit par : Carpe Webem | 20 décembre 2010

C'est tout à fait temporaire... juste le temps de prendre quelques vacances et de souffler. Pendant dix jours, Sophie proposera autre chose à la place du Polaroid. Ce sera à coup sûr très très chouette. Le Polaroid reviendra à partir du 3 janvier, un peu plus tôt, vers six heures quarante....
No worries........ :)
Carpe diem.

Écrit par : mariemarie | 20 décembre 2010

Ouf. Même surprise ce matin, mais l'annonce que vous preniez simplement quelques jours de repos en Bretagne m'a rassuré.
Bonnes vacances Marie, et "à bientôt" si j'ose dire — cela doit faire drôle de savoir que des gens ont rendez-vous avec vous chaque matin, alors que vous ne les connaissez pas, non ?

Écrit par : Serval | 23 décembre 2010

cher Serval, le rendez-vous des ondes, avec des oreilles pour la plupart inconnues mais si chères, c'est aussi imprévu que magique qu'émouvant que troublant. c'est LA chose qui donne sens à ce que je fais chaque matin.
la bretagne souffle tout ce qu'elle a de plus beau dans nos fenêtres et nos portes. c'est parfait pour bien dormir.

A bientôt donc,

mariemarie

Écrit par : mariemarie | 24 décembre 2010

bonjour et meilleurs vœux pour 2011.
J'aimerai savoir quel sont les références de votre générique.
Merci.
cordialement.

Écrit par : Michel Hanau | 02 janvier 2011

Les commentaires sont fermés.