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29 décembre 2015

là c'était comme fondre

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D'abord dormi exactement comme cela venait, dans l'évidence de quatorze heures, le visage offert à deux ou trois rayons. La forêt sans saison, mais si belle, changeante, épaisse et profonde comme un tableau  :  en veilleuse de sommeil pour moi.
Dormir là c'était comme fondre, et toutes entières reviennent les lectures, les prénoms,les lèvres et les visages. Ils s'appliquent sur la peau à peine froissée au réveil.
Après des dindons roses et bleus riaient à chacune de mes phrases, pourtant secrètes, et je constatais, en demeurant longtemps près d'eux, que six jeunes coqs sont aussi curieux que des enfants si l'on se donne le temps de simplement être parmi eux. A quoi l'on rajoute pour compléter ma joie, dans la lumière de seize heures cette fois, le rouge baiser de leur tendre crête.

 

 

 

 

 

 

 

 

21 décembre 2015

---- deux mille quinze ----

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En mars dernier, nous sommes plusieurs réunis autour d’une table au fond de la Librairie de Paris, Place de Clichy. Mon interlocuteur me demande de quelle manière les images des récits homériques résonnent, pour moi, avec notre époque. Je lui réponds que j’ai récemment entendu parler d’un homme qui, après avoir tué d’autres hommes, les traina sur le sol, tout sourire, derrière un véhicule, en Syrie. Que je n’ai pas vu cette image, mais que sa description me renvoie directement à celle d’Achille traînant derrière son char le corps d’Hector après l’avoir tué. Que c’est une image qui m’a aimantée, comme des milliers d’humains avant moi. Une épouvante. Ce massacre et cette cruauté répondant dans la logique du guerrier, au massacre de son ami par son ennemi, la nuit d’avant. Vengeance. Contre vengeance. Et escalade des horreurs.

Si l’on fait parfois s’adresser le mythe au présent, c’est que l’on soupçonne y trouver un lieu de pensée plus au « calme », pour dénouer des enjeux que le temps dans lequel nous vivons nous présente souvent trop collés pour être lus. D’une certaine manière, le mythe est un lieu aéré, qui ventile.

Dans Achille je m’engueule avec le guerrier. Je suis impuissante, sa mère ambivalente, son père rompu aux traditions, et Achille part à la guerre en empruntant des chemins poussiéreux. Encore une fois, les chemins sont poussiéreux parce qu’ils sont anciens, et Achille est exalté parce qu’il croit que tout est neuf.

Dans plusieurs textes, la romancière Leslie Kaplan parle de Kafka, et entre autre de cette citation “Ecrire, c'est sauter en dehors de la rangée des assassins”. C’est par elle que la phrase de Kafka a fait lentement son travail - en moi -, jusqu’à rejoindre le texte d’Achille.

Parce que vivre aussi, c’est sauter en dehors de la rangée des assassins. Parce que la rangée, le sillon, le chemin des assassins ont beaucoup d’arguments pour attirer dans leurs vieilles traces les nouveaux pas, alors il faut du courage, de la reconnaissance, de l’histoire, pour faire le saut dans ce sens et pas dans l’autre.

 

Oeil pour œil, dent pour dent, n'existe pas. Pour une violence subie, une violence faite n'a rien à voir. Ne soulage pas. Ne rembourse jamais. Ne ramène aucun mort à la vie. La colère d'Achille et son immémoriale tristesse ne se résorbent pas avec le massacre d'Hector et je crois qu'il le sait. De le savoir creuse son désespoir, et creuse son impuissance, les deux font le lit de sa violence.
C'est l'enfer de la répétition. De le savoir mais de le faire quand même. C’est le comble du désarroi.

Le passage à l'acte violent rend dévastatrice une pensée qui n'était violente que pour consolation. Devenue action, elle ne console de rien. Mais c'est l'enfer de la répétition que de le savoir au fond et de le faire quand même.
Les tueurs ont beau argumenter en bout de course que leur geste vient venger les morts d'ailleurs, d'avant, ils savent que c'est un faible château de cartes, mais c'est l'enfer de l'enlisement qui n'enraye pas la répétition. Ils le savent tellement qu'ils sont armés jusqu'aux dents.

Alors qui capte la violence pour la promettre rédemptrice ?  Des marchands de quelque chose.
Des charognards. Et le seul monde que nous ayons nous réunit, nous tous : les charognards, celle qui écrit de rage, celui qui explose, celui qui pleure à la statue, celle qui meurt au bistrot, dans le bateau sur la méditerranée, sous les ruines de Syrie ou d’ailleurs. Où a-t-on lu que les frontières, les siècles étaient imperméables, et que la violence, même lointaine, même inactuelle, n'y circulait pas comme un nuage radioactif ? 
Nos démocraties contemporaines s'en débarrassent aux marges, pensant que le conflit et la violence n'atteindront jamais le centre. Et un jour, bim, c’est le cœur.

 

 

MR ____ 20 novembre 2015.

 

Achille est paru aux éditions Sabine Wespieser, en mars 2015.

ça travaille

 

 

 

 

 

 

bulles infimes de solitude, les vagabonds, les amoureux, les lecteurs, font dans la soupe collective un ferment qui nous sauve. Et si la plupart de ces bulles échouent à remonter à la surface, qu'importe ça travaille, ça lève.

 

 

- david bosc -

16 décembre 2015

coyotes

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07 décembre 2015

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