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13 avril 2011

cest pas qu'on crie pas, qu'on souhaite pas

Tout ce mouvement autour de nous. Ce bruit qui nous arrive de plus ou moins loin. Tous ces chocs, entre le présent l’histoire et le futur. Toutes ces situations qui nous sont étrangères mais dont nous pouvons, devons même, tirer des réflexions à nos propres affaires. Tout ce tumulte du monde nous empêche de loucher sur notre nombril. Mais puisque nous serons bientôt amenés à voter, amener à exercer le précieux et dangereux job de citoyen, faîtes ce que cela remue nos méninges, que cela mette en mouvement nos corps, faîtes que les autres ne se rebellent pas pour rien. Faîtes que le printemps, nous fasse éternuer d’idées, c’est pas qu’on crie pas, qu’on souhaite pas.

11 avril 2011

au matin du quinze, en vrai, à l'antenne. pour de bon.

ARLT.jpgwww. myspace.com/arltmusic

06 avril 2011

méga sieste

Mégapole.
Méga bruit.
Méga vitesse des choses.
Mega transport des méga personnes.
Méga budgets, méga building, méga millions.
Méga météo dans le ciel des mégapoles.

Nul autre horizon que les petits carrés de verre derrière lesquels une enfilade de bureaux se perdent.
Sur les trottoirs, les passants organisent leur marche comme on circule sur l’autoroute.
Autorisation de doubler sur la gauche, en gardant le nez sur ses chaussures. Arrêt toléré en double file pour rédiger un texto, ou passer un coup de téléphone. Coup d’œil furtif sur les vitrines qui dégoulinent. La ville à toute allure bat comme un cœur pressé.


L’avenue mène droit à la gare, que surplombe une horloge géante. Dans quelques instants il est quatorze heures. L’aiguille des secondes trotte sur le cadran.
La marche des passants ralentit notablement, les voitures débrayent aux vitesses inférieures. OUh, tranquille…. tout s’étiiiiiire jusqu’à l’arrêt complet.
Lorsque l’aiguille arrive sur le douze, tout s’est arrêté. Les passants étalent un sweat shirt, une écharpe, un coussin sur le trottoir. On se fait une place sur les bancs, on s’affesse sur les chaises en terrasse et on bascule le fauteuil de la voiture en arrière.
Quatorze heures, c’est absolument non négociable, quatorze heures, c’est bien connu, c’est l’heure de la sieste, pardis !

05 avril 2011

wonderwall

Un peu comme dans les contes, il a une salopette en velours marron sur une chemise vert bouteille. Il n’a jamais compris  pourquoi on s’entêtait à habiller les géants de cette façon là. Ni pourquoi on tenait toujours à ce qu’ils aient une petite bedaine et un côté bucheron.
Lui, il n’a pas grandi dans la nature. Il n’a rien des géants sympa et benêt. Il est un peu crevé. Il ne fait pas de bruit monstre lorsqu’il se déplace en ville. Il ne fait pas trembler le bitume. Il est géant mais il n’est pas lourdot.

Ce soir il est mélancolique. Il se penche sur la petite ville, sur les petites rues, les toutes petites façades d’immeubles, les feux rouges confettis. Et les bonshommes  légos. Ca lui fait couler des larmes grosses comme des pierres. C’est seul un géant. C’est pas facile facile.

Il aimerait que les visages soient de larges surfaces que tout s’étende davantage pour pouvoir caresser vraiment. Il aimerait que les trottoirs lui laisse la place de mettre un pied devant l’autre. Pour de vrai. Et trois pieds même. Et de l’espace autour pour balancer les bras en marchant.
Il aimerait que les bols d’air ne soient pas de ringards gobelet. Qu’il y en ait pour lui et pour Boucle d’or si elle passe dans le coin. Il n’a pas envie de conquérir, il voudrait simplement s’étaler un peu. Ça fatigue d’être entouré de riquiqui. Voyez-le courbé, le dos géant, et l’âme aussi fragile que le vent.
Cargo gracile, l’a pas l’air bien du tout. Qui peut dire qu’on pense aux géants ? On pense pas aux géants, ces grands murs de merveille

on fait un pas de côté ?

Un train régional va moins vite que les autres trains. Il est moins rempli généralement. Il est plus décontracté s’il l’on peut dire. Il amène d’une ville à une autre ville sans chichi.
Un train à grande vitesse peut se transformer en train régional, sans changer de rails, simplement parce que la compagnie ferroviaire en a décidé ainsi. Aussi vous pouvez ralentir jusqu’à une petite vitesse de croisière qui vous fait regarder dehors sans le tourni.
Deux jeunes femmes sont assises dans un carré de fauteuils relookées de rose et de fushia. Elles ont posé un ordinateur portable sur la tablette, écran dans lesquelles se reflètent leurs mines de fêtardes fatiguées. Leurs chaussures traînent dans le couloir de moquette et leurs pieds nus tranquillement posés sur les sièges en face. Décontract on a dit.
Le film qu’elles regardent d’un œil, est un noir et blanc granuleux, témoin d’un époque, ou rêver était de mise. Ou le pas de côté était la chorégraphie collective, où il n’était pas si loufoque, de songer même en fiction à un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme.
Les quelques formules sont un peu passées d’âge mais qui elles continuent de les laisser songeuses et souriantes. C’est ainsi qu’elles sont, les pieds en éventail dans le carré, comme on dit, du TGV devenu TER.
La voix du contrôleur indique que le train va bientôt entrer en gare, un type se lève, la soixantaine rayonnante. S’arrête devant l’écran, ébahi.
- C’est l’an 01 ? il dit
- Bah ouais, elles répondent
- Mais où est-ce que vous avez trouvé ça ?
- Sur le net, elles répondents
- Ah oui, il dit
Et le type de ne plus pouvoir parler. Ce film, il l’a vu il y a bien trente cinq ans. Plus jamais après. La distance entre maintenant et hier se trouve abolie comme si le TER, était redevenu TGV en une milliseconde. N’en déplaise à la compagnie ferrovière….

Voyez comme les traits se détendent sous la pommade des petites fiertés.

Mercredi soir vingt minutes avant huit heures. Quelques couples font la queue devant la billetterie. Elle, très fine, et sans habit de lumière, est assise sur l’un des fauteuils disposés dans le hall. Elle a empilé sur la table basse juste devant, les prospectus, programmes, dépliants et autre flyers colorés qu’on lui a distribué à l’entrée. Elle les contemple. En attrape un, le repose, en attrape un autre, en fait une lecture muette mais expressive. Elle se lance dans un dialogue avec elle-même, un dialogue haut en couleurs et en arguments, qu’elle s’auto échange par dessus l’épaule gauche. On dit avec elle même, mais rien n’assure qu’un lutin transparent ne loge pas perchée sur sa clavicule. Toujours est-il qu’elle penche la tête, acquiesce franchement, sourie et ronchonne, mime toutes les grimaces d’une bonne conversation.
Lorsque la sonnerie du théâtre retentit, elle ne bouge pas d’un cil. Les tours de papiers empilés sont autant de remparts opaques et solides, qui ne laissent rien filtrer du monde de dehors.
Bientôt le hall du théâtre est vide. Elle continue sa conversation muette et étrange. Tandis que la guichetière recompte patiemment les talons de billets, et les billets tout court, elle classe et reclasse ses petits papiers, ne cessant de converser avec son double invisible et portant haut dans l’œil une pépite dorée.

Voyez comme les traits se détendent sous la pommade des petites fiertés.

02 avril 2011

bye bye les héros que j'aimais

Le film touche à sa fin. La lumière de l’écran vient sur les visages faisant d’eux des dessins. L’un des spectateurs, regarde à sa gauche. Il est inconstant. Il regarde une femme, belle comme à l’image. Il voudrait juste sur le générique, il voudrait juste sur la nuque y mettre un baiser au passage. Comme gravé au piment doux sur la pellicule, capable de disparaître une fois les néons revenus. Il voudrait que la dernière séance s’achève en fait comme ça, sur la nuque, les lèvres déposées.
Abel reagarde la scène de loin, pas sur l’écran dans la salle. Strapontin déplié, mal au genoux, un peu mal au cœur, c’est ce cinéma là qui lui manquera, l’espèce de vie volée à la vie de dehors, la vie volée des salles obscures, ça ne se rembourse pas.