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24 mars 2012

nicht vergessen

L'impossible vous attend.http://www.limpossible.fr/001/index.php


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a force de l'entendre

La première fois que je l’ai vu je crois, j’ai dit, tiens cet homme est grand. Il est plus grand, que grand comme ça, en passant. Il est particulièrement grand je me suis dit. La capuche bleu marine, qu’il a relevé sur sa tête, coupe son front en deux, un bout couvert et l’autre au vent, même son front, c’est dingue l’espace qu’on y trouverait…. Je me suis dit cet homme est plus grand que les hommes grands en général et j’ai bien aimé.

Il regardait la mer à ses pieds, comme les autres  et le ciel au dessus de lui comme les autres  Puis il revenait à ses pieds, comme souvent les autres, et relevait la tête, comme les autres, tout  autant
Sauf que de son poignet partait un fil, et que le fil si on le suivait vraiment, menait à un carré de toile souple et coloré. Que la toile prenait le vent selon des dessins que j’aurais peine à refaire. Ca lui faisait comme un chapeau mouvant, vivant au gré des courants d’air…

La deuxième fois que je l’ai vu, il avait enlevé la capuche, et son front tout entier baignait dans la lumière. Le gars criait, si au moins ils savaient. Le gars criait, si au moins ils savaient que je suis vivant, et que chaque jour je danse au bout des cerfs volants. Le gars criait au delà de nous. Bien au delà.

tout trop rare

POURQUOI ON LE FERAIT PAS PLUS SOUVENT
ET POURQUOI PAS DEUX FOIS PAR JOUR
POURQUOI ON LE FERAIT PAS DIX FOIS PAR JOUR

HEIN ?

personne ne bouge

IMG_2154.JPG le mois d’août écrase des petits morceaux de
soleil sur leurs épaules osseuses
ce qui est négocié avec les mecs du basket, c’est
le soir : 18h 22 h, basket
uniquement.
l’après midi 14h 18h, tennis contre le mur
uniquement.
Pour le reste,
le terrain appartient à ceux qui arrivent tôt.

zolie zombie // inspiration Weli noel

Il est allongé sur le canapé. Le cendrier trahit ses dernières heures de rien. Que des cigarettes mal commencées, mal écrasées. Il a dormi. Ces toutes petites rides, nouvelles, sur sa joue jeune, c’est le canapé qui les a faite au tractopelle. Il a dormi puis s’est fait réveiller par d’autre machines. Il s’est passé de longues minutes entre son réveil et ses premiers mouvements… Des minutes où il s’est contenté de regarder comment le bois, depuis des années, coupe en quatre les carreaux de sa vitre, et pour prévenir l’ennui, il a fait semblant de les recompter.
C’est l’ordinateur qui l’a réveillé vraiment. Le bip d’une fenêtre. De celle qui s’invitent, sans demander rien, sans vérifier que vous êtes disponible. Le bruit d’une fenêtre pop, elle s’ouvre et pop, une image. Et pop c’est une meuf. Viens là, c’est marqué en gros, il se lève. Viens là dis la fenêtre, la fille elle ne peut pas bouger, elle est, image fixe sur l’écran, zolie fille, pas bien maquillée, mais relativement à l’aise, sans grand chose dessus. Tanga, juste quelques fils qui l’ahbillent.  Elle dit, c’est marqué, elle dit, viens là comme si c’était possible. Ce serait si facile. En un coup de clic, venir près, comme ça, de son corps comme il faut.
Elle est zolie, mais elle manque un peu de cœur qui bat derrière la peau, tu vois. Il se met quand même devant l’écran. Il prend la guitare qui est là, qui pourrait être ailleurs, il rallume l’une des cigarettes, que l’on ne croyait plus apte à aucune fumée, mais ses poumons la raniment. Le rythme qu’il joue, c’est celui sur lequel elle fait semblant de danser mais elle n’entend pas, cette fausse belle au bois, tu parles, il joue, tu parles, et elle fait semblant de danser. Elle est zolie faut dire….

ça caille quand même

Cet escalator existe depuis que l’esplanade existe. Lorsqu’on est sur les marches mécaniques, et qu’on monte ;  les tours, et les fenêtres dans les tours, et la lumière dans les fenêtres des tours, apparaissent étage par étage, se découvrant, se laissant voir, sauf les jours de brouillard. Et on y est. Précisément, dans le brouillard. Jasmine est assise sur le seul banc qui ne soit pas pris par le gel. Elle agite ses jambes moins pour les réchauffer que pour calmer ses nerfs. Aldine apparaît derrière le restaurant thaïlandais. Les mains dans les poches. Moins pour les réchauffer que pour leur trouver une place. Aldine approche. Il la salue. Il s’assoit. Ils se connaissent, ça va, pas la peine de…
Comme deux vieilles à l’arrêt de bus, ils se mettent à parler du temps. Ca caille quand même. Moi dimanche, j’ai pas mis un mollet dehors. Ça caille non ? Jasmine fait oui de la tête. Elle s’en fout. Lui aussi. Mais elle renchérit.
D’après toi, à partir de quel moment on peut dire que c’est vraiment l’hiver, tu vois, genre, une fois qu’on a passé le 21 décembre, qui décide que oui vraiment c’est l’hiver ? Et les lèvres souriantes et gercées de Jasmine trahissent, la falsification de la question. Son inutilité de surcroit. Elle est jolie.
Aldine regarde ailleurs, comme ils ont bien appris à le faire, puis revient à elle. Je sais pas, je dirai que ça dépend de la fumée. Si tu commences à faire de la fumée quand tu parles, quand tu respires, pas à 6 heures du matin, mais genre là, à 13 heures, ça veut dire c’est l’hiver. Tu vois là, avec la fumée, nos deux fumées. Ca veut dire c’est l’hiver. Et Aldine embrasse Jasmine. A moins que l’inverse soit tout aussi vrai. La fumée disparaît. Leurs deux fumées disparaissent. L’hiver aussi.

un jour comme aujourd'hui

IMG_0002.jpgC’est un jour comme aujourd’hui. L’hiver, pente douce, soleil en léger biais. Femerture éclair descendue sur les hanches. Au croisement des deux chemins, prendre le croisement. Le croisement, l’intersection des deux lignes et attendre. Ce qui était un mur pour tout le monde, devient une porte. Vous la passez. Elle ne grince que dans vos seules oreilles, et si un gardien est apparu dans la guitoune ce n’est rien qui soit plus réel que le reste. Vous vous engagez dans l’allée. Les premiers sont encore à l’heure de décembre et leur branche sont un entrelacs de gris et de brun sur les murs qui les rejoignent en couleur. Les arbres suivant tendent  à l’avril ou au mai, et ont des feuilles qui viennent comme on a le rose aux joues.
Les noms sont gravés sur les plaques, d’autres à même la pierre. Les noms sont posés sur la pierre, tu vois comme les noms sont là, au repos. Tu les lis. Eugene. Andrée. James. Ondeline. Paul. Jean Marie. Myrtille. Tu relis myrtille, tu essaies de faire venir le goût du fruit entre tes deux mâchoires, les molaires du fond.
Tu avances. Je te tutoies. On regarde par en haut ce qui vient au dessus de nous, ce n’est rien d’autre qu’un nuage. Tu dis qu’il faudrait un champ entier de fleurs différentes. Différentes en hauteur, très différentes en son. Il nous faudrait un champ entier de fleurs différentes en sonorité pour mettre sur toutes les tombes. Tu continues de dire, Monsieur Chemier, A mon mari, pour toujours. A notre père tant aimé. A ma sœur. Aux dieux reconnaissants. Ce pluriel aux divinités te plaît et te rend paysan.
Tu dis tous ces morts qui n’existent plus pour personne, il faudrait les faire nôtres, sans les brusquer, ce sont les nôtres de toutes façons. Les allées du cimetière deviennent jaunes de lumière. Il faudrait les faire notre et venir ici les fleurir souvent.

ce que tu pleures je l'ai pleuré

Il est assis et tient sa tête dans ses mains. Disons que sa tête pèse sur ses poignets qui pèsent sur ses coudes qui pèsent sur la table. Mais la table est solide.
Sa mère lui a servi un chocolat chaud, avec trop de lait et trop de chocolat comme lorsqu’il était enfant. Et il ne l’est plus. Et il pleure. Très doucement. En regardant comme les tours paraissent pareilles dans l’encadrement de la fenêtre. Ce n’est pas à cause des tours. On pourrait croire mais ce serait facile. Ce ne sont ni les tours, ni le parking qui le font pleurer ce matin.
Sa mère se lève et entreprend une rapide vaisselle, sort puis rejoint la cuisine, plie des torchons, nettoie le four. Elle est le papillon, il est la vielle ampoule.
Des larmes coulent sur ses joues, et dans son sweat à capuche. La mère dit qu’elle ne les voit pas. Tout dans son agitation dit, comme marqué sur un carton de cinéma, je ne les vois pas tes larmes, vas-y mon grand. Et elle tourne autour, nourrissant l’illusion. Et elle finira par s’asseoir tout à l’heure, sur l’autre chaise qui fait face à la fenêtre. Lui n’aura pas bougé et pas bu une lampée de son chocolat chaud et il fera jour comme jamais. Et le soleil les bénira tous les deux. Elle finira par s’asseoir. Elle respirera calmement. Elle sentira sur elle, les trente trois ans qui la sépare de cet enfant devenue jeune homme. Ce qu’il pleure aujourd’hui elle l’a pleuré, il y a longtemps et le lui dire ne consolerait rien. Elle reste assise. Silencieuse, elle efface son carton de cinéma. Elle voit les larmes de son fils. Ce sont des larmes qu’il faut faire couler. C’est tout ce qu’elle sait, alors elle attend.

bird bird bird

photo cedric dupireC’est sans rendez-vous. C’est sans compter sur l’heure. C’est ou bien vous attendez, ou bien vous passer votre route. Il s’agit de s’asseoir, engourdi de froid et prêt à l’être davantage. Il s’agit de compter sur ces doigts douloureusement d’abord et puis dans une toute petite fièvre, les quelques minutes qui passent. Et puis les heures. Il faut sans trop se tordre le cou, lever les yeux au ciel. Ne pas céder à la facilité qui consisterait à le faire, trop souvent, trop mal. Il faut quand ça vous prend, presque faudrait-il avoir un peu oublié l’envie de le faire, il faut lever les yeux à ce moment précis. Et se laisser saisir par la chance. Certains jours à certaines heures. Ils viennent par milliers. Ils viennent par milliers, exagérer le nombre ne vous fera aucun mal alors, ils viennent par milliers, grignoter le raisin de la vigne qui s’offre comme une femme. Ils se jettent dessus, ne se la partagent, pas mais non plus ne se la disputent, c’est une chose qui se passe entre ces becs d’oiseaux et le rasin que l’on serait idiot de vouloir expliquer. Vous êtes là, assis, le mot froid ne vous dit plus rien, il est venu juste en dessous de vos plus fine chemises. Vous regardez ces petites masses frivoles et noires dévorer ce qu’ils peuvent comme si la plus grande des guerres leur pendait au cou, ou comme si, au contraire, il était urgent de vivre, le plus délicieux, le plus vite possible et déguerpir vers nulle part.
Alors vous n’êtes pas déçu d’attendre car de les fixer ainsi vous ne manquerez rien de leur départ. C’est un fragment du ciel qu’ils emportent avec eux, comme le scotch défigure le papier dont on l’arrche. Ils sont tous petits noirs dans ce ciel vraiment blanc. Vous jubilez. Il est un mot un anglais qui surpasse le mot, le votre, car il contient, vous pensez, tout le battement d’une aile.
C’est bird, bird, bird.