12 février 2016
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"Tant que la misère existe, vous n'êtes pas riches. Tant que la détresse existe, vous n'êtes pas heureux. Tant que les prisons existent, vous n'êtes pas libres."
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05 février 2016
- on faisait des médecines
le rêve de l'homme était d'abord en bois, ce n'est que plus tard qu'il devint une chimère voyageant de dormeur en dormeur; un rêve faisait du tapage lorsqu'il prenait fin, il tombait au sol comme un billot, il tombait des lits, il y avait beaucoup de bruit sourd dans les maisons du sommeil. au cours des hivers particulièrement froids, on attisait des feux avec des rêves, on s'y réchauffait, on avait l'art, même à partir de rêves inutiles de préparer des choses utiles, de leurs cendres encore chaudes, on faisait des médecines, quiconque les prenait pouvait pouvoir l'avenir;les femmes devinaient le sexe des enfants qu'elles portaient, les hommes les avalaient à la veille d'une expédition de chasse ou de guerre, ils se conformaient à leur verdict.
le soleil était un oeuf vert - artmann
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08 janvier 2016
en modifiant sa forme
" A la peur qui sidère l'humanité, à la peur qui nous rend durs et cassants comme du verre, il faut opposer la puissance de la faiblesse : céder toujours à ce qui pousse, pèse, perce, envahit, submerge, en ployant, en modifiant sa forme, en se diluant, en s'éparpillant. je me suis mise à l'école de l'eau pour devenir invulnérable : glisser, couler, s'évaporer, ne tenir à rien, se diviser, s'infiltrer, ne plus arrêter la lumière, absorber les coups, ne jamais obéir à la voix,
diffracter les images"
_____ en décembre, nous faisons des films pour entrer dans l'année pour entrer dans le film.
( musique Tonstartssbandht 5 ft 7 )
( texte extrait de david bosc - mourir et sauter sur son cheval )
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04 janvier 2016
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des livres
des livres entre les hommes
des espaces reliés et ouverts comme des livres entre les hommes
des corps comme des livres, reliés et ouverts, des corps d'hommes dignes et vivants comme des livres entre les hommes.
2016 enfin remis sur pieds, ne déclarera rien avant d'agir, et je le souhaite, offrira encore____
une petite fille aux mains terreuses expliquant que c'est son feutre qui dépasse. une dame aux oies devant qui l'on s'excuse d'avoir souillé l'entrée, rétorquant qu'on ne va pas marcher sur la tête non plus !
2016 offrira encore___
ta nuque enamourée de soleil, et tes yeux remis à leur bonne place par des aplats d'air et de lumière
du désir très calmement ardemment puissamment réparti
des messages, écran lumineux, textes minuscules, des messages que l'on attendra, lira en hâte, qui ne demanderont pas, inquiets, où l'on se trouve et si l'on est vivant, car nous le serons, vivants
et là.
entrons dedans.
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01 janvier 2016
entrer dedans.
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29 décembre 2015
là c'était comme fondre
D'abord dormi exactement comme cela venait, dans l'évidence de quatorze heures, le visage offert à deux ou trois rayons. La forêt sans saison, mais si belle, changeante, épaisse et profonde comme un tableau : en veilleuse de sommeil pour moi.
Dormir là c'était comme fondre, et toutes entières reviennent les lectures, les prénoms,les lèvres et les visages. Ils s'appliquent sur la peau à peine froissée au réveil.
Après des dindons roses et bleus riaient à chacune de mes phrases, pourtant secrètes, et je constatais, en demeurant longtemps près d'eux, que six jeunes coqs sont aussi curieux que des enfants si l'on se donne le temps de simplement être parmi eux. A quoi l'on rajoute pour compléter ma joie, dans la lumière de seize heures cette fois, le rouge baiser de leur tendre crête.
18:04 | Lien permanent | Commentaires (1)
21 décembre 2015
---- deux mille quinze ----
En mars dernier, nous sommes plusieurs réunis autour d’une table au fond de la Librairie de Paris, Place de Clichy. Mon interlocuteur me demande de quelle manière les images des récits homériques résonnent, pour moi, avec notre époque. Je lui réponds que j’ai récemment entendu parler d’un homme qui, après avoir tué d’autres hommes, les traina sur le sol, tout sourire, derrière un véhicule, en Syrie. Que je n’ai pas vu cette image, mais que sa description me renvoie directement à celle d’Achille traînant derrière son char le corps d’Hector après l’avoir tué. Que c’est une image qui m’a aimantée, comme des milliers d’humains avant moi. Une épouvante. Ce massacre et cette cruauté répondant dans la logique du guerrier, au massacre de son ami par son ennemi, la nuit d’avant. Vengeance. Contre vengeance. Et escalade des horreurs.
Si l’on fait parfois s’adresser le mythe au présent, c’est que l’on soupçonne y trouver un lieu de pensée plus au « calme », pour dénouer des enjeux que le temps dans lequel nous vivons nous présente souvent trop collés pour être lus. D’une certaine manière, le mythe est un lieu aéré, qui ventile.
Dans Achille je m’engueule avec le guerrier. Je suis impuissante, sa mère ambivalente, son père rompu aux traditions, et Achille part à la guerre en empruntant des chemins poussiéreux. Encore une fois, les chemins sont poussiéreux parce qu’ils sont anciens, et Achille est exalté parce qu’il croit que tout est neuf.
Dans plusieurs textes, la romancière Leslie Kaplan parle de Kafka, et entre autre de cette citation “Ecrire, c'est sauter en dehors de la rangée des assassins”. C’est par elle que la phrase de Kafka a fait lentement son travail - en moi -, jusqu’à rejoindre le texte d’Achille.
Parce que vivre aussi, c’est sauter en dehors de la rangée des assassins. Parce que la rangée, le sillon, le chemin des assassins ont beaucoup d’arguments pour attirer dans leurs vieilles traces les nouveaux pas, alors il faut du courage, de la reconnaissance, de l’histoire, pour faire le saut dans ce sens et pas dans l’autre.
Oeil pour œil, dent pour dent, n'existe pas. Pour une violence subie, une violence faite n'a rien à voir. Ne soulage pas. Ne rembourse jamais. Ne ramène aucun mort à la vie. La colère d'Achille et son immémoriale tristesse ne se résorbent pas avec le massacre d'Hector et je crois qu'il le sait. De le savoir creuse son désespoir, et creuse son impuissance, les deux font le lit de sa violence.
C'est l'enfer de la répétition. De le savoir mais de le faire quand même. C’est le comble du désarroi.
Le passage à l'acte violent rend dévastatrice une pensée qui n'était violente que pour consolation. Devenue action, elle ne console de rien. Mais c'est l'enfer de la répétition que de le savoir au fond et de le faire quand même.
Les tueurs ont beau argumenter en bout de course que leur geste vient venger les morts d'ailleurs, d'avant, ils savent que c'est un faible château de cartes, mais c'est l'enfer de l'enlisement qui n'enraye pas la répétition. Ils le savent tellement qu'ils sont armés jusqu'aux dents.
Alors qui capte la violence pour la promettre rédemptrice ? Des marchands de quelque chose.
Des charognards. Et le seul monde que nous ayons nous réunit, nous tous : les charognards, celle qui écrit de rage, celui qui explose, celui qui pleure à la statue, celle qui meurt au bistrot, dans le bateau sur la méditerranée, sous les ruines de Syrie ou d’ailleurs. Où a-t-on lu que les frontières, les siècles étaient imperméables, et que la violence, même lointaine, même inactuelle, n'y circulait pas comme un nuage radioactif ?
Nos démocraties contemporaines s'en débarrassent aux marges, pensant que le conflit et la violence n'atteindront jamais le centre. Et un jour, bim, c’est le cœur.
MR ____ 20 novembre 2015.
Achille est paru aux éditions Sabine Wespieser, en mars 2015.
14:22 | Lien permanent | Commentaires (7)
ça travaille
bulles infimes de solitude, les vagabonds, les amoureux, les lecteurs, font dans la soupe collective un ferment qui nous sauve. Et si la plupart de ces bulles échouent à remonter à la surface, qu'importe ça travaille, ça lève.
- david bosc -
13:57 | Lien permanent | Commentaires (3)
16 décembre 2015
coyotes
11:53 | Lien permanent | Commentaires (2)
07 décembre 2015
...
choc- évènement - réaction - spectacles de réactions - spectacle du choc - spectacle de l'évènement - re-spectacle de réactions
15:32 | Lien permanent | Commentaires (1)
24 novembre 2015
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Deux bouts de peau qui se retouchent et suturent observées en accéléré au microscope : c’est fascinant. Rien ne semble pouvoir empêcher le recouvrement des blessures. Ce matin dans Paris, entre autre collage qui prenait bien : Samuel Beckett dans un papier noir et blanc, photocopié et découpé de près, jouait au basket sur le playground du canal saint martin avec cinq ou six mecs suant leur vapeur dans Novembre. Ses lunettes rondes remontées sur le front, il souriait aux passants un peu engourdis par la nuit noire des explications rances et religieuses. Et Samuel leur disait, "la violence n’est pas plaisante à voir, c’est sûr, mais si tu ne la panses pas ici, elle repassera par là." Comme les trottoirs se repeuplent, que le chagrin dans la gorge ne se voit pas dans la foule, j’ai bien envie de croire, avec mon Samuel en papier, que c’est l’heure, encore et encore, de se remonter les manches de la pensée, d’autant plus qu’on a encore des genoux pour rebondir
12:47 | Lien permanent | Commentaires (3)
23 novembre 2015
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rouge coeur déboisé - jusqu'au dernier mec boiteux sorti vaillant il pleurera - a pas saigné - pas couru - eu peur de quoi appartient pas -
l'arbre il est là pour tes yeux les leurs et la musique et les mains jointes les regards portés haut ne connaissent pas de drapeaux, même ceux des pirates cherchent trop de territoire - appartiens pas - pas pas pas pas
any bird for friend ? - vole trop vite pour toi
il n'y a qu'un seul monde avec une seule humanité - pas joli joli et donc ? - n'est pas une seule barrière qui ne tombe pas un jour - fausse cachette - fausse guerre - fausse prison - regarde pas la violence ce jour elle repassera par là le prochain -
les balles font des trous dans les corps et dans la pensée - le corps tombe, la pensée avance trouée combien de temps ?
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15 novembre 2015
des forces aveugles qui ne sont qu'élan
Le fort n'est jamais absolument fort ni le faible absolument faible, mais l'un et l'autre l'ignorent. Ils ne se croient pas de la même espèce; ni le faible ne se regarde comme le semblable du fort, ni il est regardé comme tel. Celui qui possède la force marche dans un milieu non résistant, sans que rien, dans la matière humaine autour de lui, soit de nature à susciter entre l'élan et l'acte ce bref intervalle où se loge la pensée. Où la pensée n'a pas de place, la justice ni la prudence n'en ont. C'est pourquoi ces hommes armés agissent durement et follement. Leur arme s'enfonce dans un ennemi désarmé qui est à leurs genoux ; ils triomphent d'un mourant en lui décrivant les outrages que son corps va subir. En usant de leur pouvoir, ils ne se doutent jamais que les conséquences de leur actes les feront plier à leur tour.
Telle est la nature de la force. Le pouvoir qu'elle possède de transformer les hommes en chose est double et s'exerce de deux côtés ; elle pétrifié différemment, mais également, les âmes de ceux qui la subissent et de ceux qui la manient. Cette propriété atteint le plus haut degré au milieu des armes, à partir du moment où une bataille s'oriente vers une décision. Les batailles ne se décident pas entre hommes qui calculent, combinent, prennent une résolution et l'exécutant, mais entre hommes dépouillés de ces facultés, transformés, tombés au rang soit de la matière inerte qui n'est que passivité, soit des forces aveugles qui ne sont qu'élan.
L'ILLIADE OU LE POEME DE LA FORCE________ SIMONE WEIL
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tu as laissé pleuvoir sur toi les cendres des anciens assassins
« Tu prêtes à cette bête l’envie d’aller combattre avec toi, mais ce n’est pas ça et tu le sais. Le cheval est envoyé par les dieux, ta cuirasse est envoyée par les dieux, ton bouclier, ton armure entière, et ce vague sentiment qui t’habite. Tout est extérieur à toi et tu te fonds dans le costume. Le cheval pareil. Il vient sous toi, tu viens sous les ordres, tous les deux vous vous placez au dessous de ceux qui agissent du haut. Ne fais pas le fier tu n’es rien qu’un pantin de leurs jeux. Ne fais pas le soldat. Ne fais pas le chef. Je te destitue Achille. Toi et la bête que tu montes, vous êtes d’une extraordinaire beauté, vous promettez une extraordinaire force, vous entendez tous deux et frémissez tous deux, aux hurlements des désespérés, mais n’êtes que la fidèle traduction de la crainte. Leur crainte. Notre crainte. Face à la nuit. »
Achille____
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01 novembre 2015
lumière
une fête simple que le soda d'un verre de soleil
14:06 | Lien permanent | Commentaires (1)
23 octobre 2015
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14:05 | Lien permanent | Commentaires (3)
13 octobre 2015
- le lien de l'étoile - clique dessus
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08 octobre 2015
tu me dessines mon amour ?
oui
11:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
17 septembre 2015
sois ébranlable.
Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n’aie pas d’intention. Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fait des détours. Laisse-toi distraire. Mets toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles deviennent doux. Passe par les villages, je te suis
11:09 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : peter handke. par les villages
11 septembre 2015
bientôt des doubles pages
JE NE RENCONTRE PAS L’AUTRE À L’ENDROIT OÙ IL ME SEMBLE L’AVOIR LAISSÉ LA DERNIÈRE FOIS + JE ME SURPRENDS À TROUVER L’AUTRE ICI + ET MOI LÀ-BAS + CE QUE JE PEUX MIMER JE LE FAIS + ÇA BOUGE LÀ-BAS ? + DES VALSES AVEC LE LIVRE L’ÉTOURDISSEMENT JE NE LE CHERCHE PAS + PARFOIS LA BONNE FATIGUE PAS BOUGER + LES FICTIONS À PLAT POUR BIEN LES VOIR + CE QUE JE PEUX MIMER DE L’ANIMAL JE LE FAIS + QUI VIENT VERS MOI ? + C’EST LA PEUR RONGE LE MOUVEMENT C’EST
LA PEUR QUI LE RONGE ET LA MÉFIANCE - QUI EST SON ENFANT + JE ME DEMANDE, MARCHANT, À QUOI L’ON TRAVAILLE, POURQUOI, COMMENT + JE ME DÉPLOIE, ATTENDS + JE FORME LES VŒUX DE TON LIBRE
DÉPLACEMENT
11:12 | Lien permanent | Commentaires (2)