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01 septembre 2010

au temps où nous tournions

Sur la pellicule furent imprimés les corps secs et moulés de deux acrobates. Une vieille pellicule des années 70 qui crépite en passant dans le projecteur. Le bleu des corps ressort sur l’orange. Les traits sont un peu flous et pour la musique : les synthétiseurs ne referment plus les boucles d’arpèges qu’ils déclenchent. Cette image sort d’un film. Le film a duré une petite éternité durant laquelle s’étendait la fameuse idée. L’idée depuis le début c’est une femme. Chemisier un peu laineux, motifs fleuris, lunettes épaisses, que l’on voit vivre avec son enfant et son homme. Que l’on voit faire la cuisine, lire des histoires, ranger la maison. Nourrir tout le mone.

Une femme comparée a la figure du Sphinx, une femme peinte de hiéroglyphes, entre les murs du patriarcat.

Durant de longues séquences la voix off a fait la liste des choses qu’il faut oublier, celles qu’il s’agit d’apprendre, celles qu’il faut laisser de côté et celles qu’il faut au contraire déchiffrer au fond de soi. La caméra tournait et les personnages se déplaçaient à un rythme parfaitement calculé, de façon à ce que l’on ne les perde jamais de vue, et si cela devait arriver, de façon à ce que l’on se sente toujours concernés par eux. 

Le film est maintenant presque terminé, cette image, ce sont deux  corps d’acrobates en couleurs saturées, métaphore d’une souplesse presque divine et infiniment requise en ce qui concerne l’existence. Des corps capables d’accueillir et d’accompagner le mouvement tout autant que d’en être les initiateurs. 

Rien ne dit au final s’il s’agit de deux acrobates, ou de l’image dédoublée et tout aussi psychédélique, du même corps féminin.

Un corps scindé,
parvenant à se plier en quatre,
mais pouvant aussi danser
de la façon la plus libre qu’il soit.

 

31 août 2010

Saouls.

 

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Il pleut. La rue a presque sommeil, ici deux jeunes hommes, appuyés contre des vélos, le pantalon de survêtements remonté aux genoux. Ils ont eu un peu chaud. L’un d’entre eux à la peau du cou rouge, comme de l’urticaire.
Ils avaient décidé de quitter le centre ville sur deux vélos volés. Ils avaient pédalé fort pour laisser au plus vite derrière eux le marchand de bicyclettes d'abord, les quelques restaurants trop pleins, les enseignes bruyantes et vulgaires.
Il avait fallut peu de temps pour que les immeubles deviennent de sombres pages déchirées. Les cours, des entrailles que l'on tremblait à pénétrer. Non qu'elles aient abrité quelque véritable danger mais c'est qu'elles entouraient de leur gros bras de pierre, de petits groupes d'âmes en peine, de vrais hommes, enfin quelque chose de consistant, qu'ils n'auraient jamais aimé voir se dissoudre par la seule raison de leur traversée en VTT.
Ils avaient roulé donc dans les allées larges, secoués par les chaussées irrégulières, jetant des coups d'œils furtifs à ce que les porches dégradés laissaient entrevoir. Soit, de grands terrains vagues pareils à ceux qu'ils avaient longtemps écumés enfants. Soit, des parkings improvisés et des toboggans en plastique.

Il y avait dans ces cours d’immeubles une preuve du vivant. Une preuve que cette ville, ce pays, dans lequel ils étaient nés, n’était pas tout à fait anéanti.

 

Deux jeunes hommes donc, en noir et blanc, appuyés sur des vélos volés, le pantalon de survêtements remonté aux genoux. Songent aux temps anciens, durant lesquels au coucher du soleil, chacun se devait de rentrer chez lui, et de rapprocher comme des agneaux, tous les enfants près du poêle.
Deux jeunes hommes en noir et blanc, qui essoufflés, s’enivrent de présent

 

30 août 2010

meilleure mafia

 

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Sur la masse des rochers, seuls trois se détachent. C’est  de la lumière franche au milieu du reste. Les sols sont verts foncés, recouverts d’herbes sans nom, et le reste, justement, le reste est violet. Fin d’après midi, les nuages sont descendus au plus bas / près de l’eau. La plage est désertée, mais quelques îlots de personnes subsistent. Deux femmes, la quarantaine, le buste recouvert de maillots bleu passé ne font rien, je veux dire elles regardent devant, mais ne font rien de plus. A côté d’elle une adolescente, au corps laiteux et mou se repeint les ongles des pieds. La majorité, les autres, lisent un truc, des feuilles légères. C’est très calme.

Le temps a eu tout l’espace pour passer et l’ensemble des visages semble marqué par ça. Ceux qui sont encore là sont illégaux. Marchent en dehors des plates bandes. C’est l’heure batarde de la plage, entre l’après midi criante et la promenade silencieuse d’après diner. Ni le jour, ni le soir. Cette zone de frottement aux alentours de sept heures : ce qui vient de se passer meurt doucement avant que ne redémarre le reste avec les pétards et la musique forte.

Ceux qui sont là sont illégaux et cette petite mafia est souriante, se mate avec connivence, cherchant à deviner lesquels d’entre eux  partiront les premiers. Il s’agit d’une paresse de groupe en toute intelligence. Et cette paresse là s’inscrira de manière génétique dans le corps de chacun, de façon à ce qu’un jour, en plein chaos, dans la ville trop bruyante, la petite mafia se reforme, tentaculaire à souhait.
Chacun de son côté convoquant le souvenir, et, vers sept heures du soir encore, faisant descendre près du sol un ciel lourd d’oisiveté. 

 

31 juillet 2010

les saumons, à rebours, orphelins

il avait dit, vous, vous, ne perdez pas ce qu'il y a dans vos yeux.

et j'avais pensé, il y a dans mes yeux entre autre, une addition des yeux des autres, et j'étais honorée, rassurée, émue, que cette somme comprenne les siens. si petits. si grand comme regard. si enthousiaste à l'idée de l'existence. Je l'avais vu nager très beau très fort à contre courant, comme le font les saumons à la recherche de l'origine. Il faisait rire mon père. Il faisait rire mon père ce bonhomme.
je pense à la femme qui l'accompagne dans ce jardin filmé par l'oiseau rare. je pense aux multitudes de regards mouillés et penseurs. je pense au travail accompli, au trajet et au dernier souffle
.

 

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en attente

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21 juillet 2010

saints dans l'incendie *

il y avait pluie sur les petits pavés, rougeurs sur sa peau, comme urticaire. Ils décidèrent de quitter le centre ville sur deux vélos volés. Ils pédalèrent fort pour laisser au plus vite derrière eux le marchand de bicyclettes d'abord, les quelques restaurants trop pleins, les enseignes bruyantes et vulgaires car trop fluos. Il fallut peu de temps pour que les immeubles deviennent de sombres lépreux, plutôt violets d'ailleurs, les cours, des entrailles que l'on tremblait à pénétrer. Non qu'elles aient abrité quelque véritable danger, mais c'est qu'elles entouraient de leur gros bras de pierre, de petits groupes d'âmes en peine, de vrais hommes, enfin quelque chose de consistant, qu'ils n'auraient jamais aimé voir se dissoudre par la seule raison de leur traversée en VTT.
Ils roulaient donc dans les allées larges, secoués par les chaussées irrégulières, jetant des coups d'œils furtifs à ce que les porches dégradés laissaient entrevoir. Soit, de grands terrains vagues pareils à ceux qu'ils avaient longtemps dessinés dans leurs têtes, enfants.
Une sonnerie puis une autre stoppa net la promenade. Le combiné en plastique répétait le message : une voix qu'ils connaissaient bien avait commencé de pleurer, tout à fait autre part, dans leur vraie ville à eux, une voix amie dont ils avaient soudain honte de s'être tenus loin aussi longtemps.

Le retour en vélo se fit dans l'incendie, mais quand même. La nuit imprimait un calme très nouveau sur les mêmes routes, les mêmes immeubles. Ils songèrent aux temps anciens, durant lesquels au coucher du soleil, chacun se devait de rentrer chez lui, et de rapprocher comme des agneaux, tous les enfants près du poêle.

12 juillet 2010

à pieds joints dans le bassin

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la hâte

Paris se repeignait parfaitement seule, nul besoin du gris des autres. Mais le bruit s'étalait mal, restait là en paquet - à surprendre ceux qui marchaient dedans malencontreusement, à les faire sursauter ou rugir, ce qui ajoutait encore au volume. Paris gueulait par dessus la foule, encore plus fort et plus rugueux, comme le son d'une poubelle renversée. A noter que l'addition de la chaleur et de la poubelle pouvait faire vasciller.
On vascillait donc, dans cette ville nouvellement sale, cherchant sans courir mais quand même, un drap frais et mouillé à se passer sur le front.

07 juillet 2010

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alors le vertige arrive parfaitement à l'heure. même si c'est une faute.

02 juillet 2010

pimpon

Non ce n'est pas un policier, les lunettes qu'il a, c'est les ray-ban bon marché, qui brillent, renvoient le reste du bitume qui n'avait pas fondu. Ni sa moto, c'est une bycliclette arrangée pour qu'elle gronde, mais n'y cherchez pas de vrai moteur. Toute sa panoplie finira par se diluer dans la chaleur, dans les mêmes nuages translucides et brillants, les mêmes nuages que Tintin dans le désert. Allez pas lui demander son badge avec l'écusson il rougirait comme un môme. Allez pas détruire son chateau de cartes, ça ferait même pas le vent espéré et vous ne feriez qu'ajouter à sa tristesse. Laissez le croire qu'il tient le style. Ca fera un homme de plus de rassuré. Un homme de moins qui tangue. Laissez nous ça.

11 juin 2010

dossier

faisant dommage

partie des choses en cours

que l'on reprend quand on revient

kremikovtzi : 2

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09 juin 2010

kremikovtzi : 1

Je tenais assez fort sa main dans la mienne, sans serrer, sans empêcher le sang.
Le bus nous avait déposés tout au bout. Aucun décor n'était planté mais je revois ce ciel gris, sans forme, sans état ni rien d'autre. Avant d'arriver là, la ville avait fini de vomir l'ensemble des buildings que pourtant nous trouvions beaux, et la campagne, une sorte de campagne avait défilé à leurs places. Une fois que c'était fait, il ne restait plus rien qu'un fond de l'air métalique et le bruit de nos sièges brinquebalants. Nous avions d'abord dû descendre une première fois, c'était l'heure qu'avait choisi la pluie pour doubler. Dans ce premier village qui portait le même nom que l'usine vers laquelle nous allions, on pouvait voir de nombreuses affiches, très délabrées pour certaines, sur les grillages, sur les maisons, n'importe quel mur. Il s'agissait des avis de décès que l'on faisait pourrir pour immiter les corps.
Un vieux bonhomme acquiesça notre langue des signes et nous conduisit étonné sur le bord d'une très large autoroute. Un autre bus devait passer. Bientôt. Nous ôtions nos gants tour à tour pour d'abord rouler des cigarettes, puis fumer des cigarettes. Le deuxième véhicule finit par sortir de la brume, une grosse femme le conduisait. C'est elle qui nous posa tout au bout.
Je le tenais fort, je sentais qu'une tension jusqu'alors inconnue venait de se glisser non pas entre nous, comme certaines fois, mais autour de nous. Alors je sentis sa main se crisper et faire craquer la mienne comme s'il s'agissait de brindilles. Une bande de huit chiens errants venait vers nous. Tranquilles. Hirsutes. Perdus.
Nos quatre yeux, nos deux coeurs, firent demi tour à cet instant.

27 mai 2010

alcool zéro degré

JE NE TRAVAILLERAI PAS,

JE NE TRAVAILLERAI PLUS

AUTREMENT QUE DE BOIRE

30 avril 2010

lire avec toi ce matin allégea le monde

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auprès d'anciennes visites

sur un territoire distinct qu'il semblait falloir retraverser souvent, je voyais,

-passages cloutés et très blancs-

quelques hommes pas misérables ni appauvris. un homme simple. puis deux.

dont les costumes, faute de traduire la richesse espérée, racontaient en fait,

comment la dignité se répartit inégalement de part et d'autre de la raie tracée au peigne. sur les cheveux qu'ils ont mouillé un peu. devant le lavabo tout à l'heure, et qu'ils voudraient voir tenir en place au moins jusqu'à la fin du jour. savoir vraiment pourquoi leurs gestes me serraient le coeur ?

il n'y avait qu'un pas, en ce fort territoire, à faire à côté sur le passage en question

je travaillerai le lien, un peu plus dru, un plus tard.

de toutes façons me suivent, depuis petite, ces hommes qui n'en font qu'un et ne sont pas tombés.

ces hommes lestés et merveille. moi je les porte un peu

 

 

 

 


13 avril 2010

à trop vouloir nous presser

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j'irai bien sûr


serre le béton

les tempes en tremblent sous les étaux

le nez coincé dans l'oreiller qui ne désemplit pas

c'est étonnant que jamais

.

enfin tellement cachée

cette lumière jaune me revienne encore

.

tout comme un sac à dos

ou mes chaussures lassées

ferait partie de l'équipement

.

qui ne choisissait pas entre la lumière et la sortie

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29 mars 2010

.............

mais le ciment qui fond 

il remplit les oreilles

il hante la limite 

et bruit blanc comme le mur

toujours toujours toujours

.

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mets toi là, sous la lumière.

pourquoi t’as pas dansé ?

parce que je sais pas

toi tu ne sais pas danser ?

non

que penses-tu de ceux qui dansent ?

c’est parce qu’ils savent

et toi t’aimerais savoir?

hum

.

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