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12 septembre 2013

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J'AI EMBRASSE L'AUBE D’ÉTÉ AU RÉVEIL IL ÉTAIT MIDI

tous les jours

 

C’est précisément au sein d’une contestation constante du pouvoir que naît la question de faire ou ne pas faire violence. Ce n’est pas au privilégié de décider si la violence est la meilleure voie ; c’est aussi, paradoxalement et même douloureusement, l’obligation du dépossédé de décider s’il faut frapper en retour et, si oui, sous quelle forme.
Face à une violence d’Etat massive, par exemple, il peut sans doute sembler absurde ou déplacé de poser cette question ; mais il se peut aussi que, dans certaines circonstances, l’absence de réponse à un acte violent fasse plus que n’importe quoi d’autre pour exposer la brutalité unilatérale de l’Etat. Je ne suis pas sûre que la non-violence sauve la pureté de l’âme de quiconque, mais elle affirme un lien social quand bien même celui-ci est violemment attaqué par ailleurs.

tous les jours

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C’est un triangle formé par trois rues, une placette en briques. Les briques sont grises. Il est cinq heures trente. Le sol est défoncé. Les briques ne sont plus au sol, mais en vrac, mises, grises, entre le sol et le cœur des humains. Cette nuit il a plu des tombes. Cette nuit alors que dans les immeubles on chérissait un reste de pain, ou mieux, une soupe préparée longuement, le ciel préparait des bombes, et derrière le ciel une colonie de connards. Blessés blessant.

Il est cinq heures trente, et autour du triangle de rues aux briques éclatées, quelques hommes marchent. Comme c’est ahurissant que quelques hommes marchent encore au lendemain des bombardements, comme c’est pourtant commun.
Et au virage qu’offre six heures, à ce virage aigu entre la nuit et le jour qui commence exactement, dans ce virage, un cheval noir brillant prend la courbe. Se tord. Applique à son allure un peu de la douleur du son des bombes. Entreprend un trot, quasiment sur place et sans bruit. Un cheval noir brillant témoin de la violence, et tout à son travail de raviver le jour.
Il est sans licol et sans bride, je parierai qu’il est en train de danser. Je souhaite que personne n’aille le contredire.

09 septembre 2013

PLAYER _____ à 4'10 sans la blague.

Nous pourrions laisser à chacun le loisir de penser qu'il a rêvé cette aube et cela vaudrait pour toutes celles que nous n'avons pas assez vécues. Nous pourrions, au contraire, décrire précisément le regard de chacun, que peu de sommeil rendait sinon plus profond, en tous cas plus enclin à s'approfondir. Décrire précisément, aussi, la parole qui, entre hâte et accident, parvenait à bâtir les frontières de ce à quoi nous n'avions pas vraiment donné de nom.
Nous pourrions aussi raconter, pour ceux qui n'y étaient pas, la marche collective, dans une ville devenue étrangère, à la recherche d'un premier repas. Les bouts de laine rouge que j'ai semés sans calcul au bord de la Seine et le morceau de chanson que j'ai reconstitué, à Jackez sur le pont sur le point d'être rebaptisé Jack as a Bird.

Nous pourrions laisser à chacun le loisir de penser qu'il a rêvé cette aube. Ou la réécouter

 

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28 août 2013

au croisement, prends le croisement.

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gagner - par hasard - le point où se recoupent brutalement, et non sans grâce, idées, mots, couleurs, sensations, vies, corps, chiffres

est l' assurance d'( au moins ) un peu de lumière.

[ ? ] questionner.oui

quel corps ( __politique ) on désire du verbe désirer ? avec quelle échelle de résistance ? quelle cohérence entre les mots les mots et les actes les actes ? caramel bonbons et chocolat. quel frisson te parcourt quand tu entends "prêt à faire la guerre" et comment avales-tu ton café de travers ? quelle ligne rouge expliques-tu à ton enfant, qu'on ne disait pas franchie jusqu'alors, alors que des enfants, justement, on en cramait-violentait à la pelle ? comment tu racontes à quelqu'un qui ne connait pas ta langue, que dans ta langue on peut impunément dire, " nous considérons que la ligne rouge n'a pas été franchie" ? comment dis-tu sans rougir de naïveté, " je ne veux pas la guerre " et comment corriges-tu immédiatement " je regrette la guerre. tout le temps. par tous les temps. de toutes les façons " ? quel corps ( __politique ) on désire du verbe désirer ? avec quelle échelle de résistance ? avec quel degré de tension ?

24 août 2013

( merci )

 

NOUS SOMMES AU MOINS EN PARTIE FORMÉS PAR LA VIOLENCE. NOUS SOMMES RÉPARTIS EN CATÉGORIES SOCIALES OU DE GENRE INDÉPENDAMMENT DE NOTRE VOLONTÉ ET CES CATÉGORIES NOUS RENDENT INTELLIGIBLES ET RECONNAISSABLES, CE QUI VEUT DIRE QU’ELLES COMMUNIQUENT AUSSI CE QUE POURRAIENT ÊTRE LES RISQUES SOCIAUX D’UNE ININTELLIGIBILITÉ OU D’UNE ININTELLIGIBILITÉ PARTIELLE. MAIS MÊME SI CELA EST VRAI, ET JE CROIS QUE ÇA L’EST, IL DEVRAIT TOUJOURS ÊTRE POSSIBLE DE SOUTENIR QU’UNE CERTAINE RUPTURE CRUCIALE PEUT AVOIR LIEU ENTRE LA VIOLENCE PAR LAQUELLE NOUS SOMMES FORMÉS ET CELLE AVEC LAQUELLE, UNE FOIS FORMÉS, NOUS NOUS COMPORTONS. IL SE POURRAIT MÊME QUE LA RESPONSABILITÉ DE NE PAS RÉPÉTER LA VIOLENCE DE SA PROPRE FORMATION SOIT D’AUTANT PLUS PRESSANTE ET IMPORTANTE, PRÉCISÉMENT, QU’ON EST FORMÉ PAR LA VIOLENCE.
IL SE PEUT QUE NOUS SOYONS FORMÉS AU SEIN D’UNE MATRICE DE POUVOIR, MAIS CELA NE VEUT PAS DIRE QUE NOUS DEVIONS FIDÈLEMENT ET AUTOMATIQUEMENT RECONSTITUER CETTE MATRICE TOUT AU LONG DE NOTRE VIE.

 

vac anse

 

De minuscules déplacements nous faisaient errer tout le jour à la frontière de l’inutile et de l’inefficace, à la frontière même du déplacement. Et sauf se battre avec deux ou trois catégories d’insectes nous ne produisions aucun effort, même la nage, même le langage  ou la marche, ou la cuisine, se faisaient presque sans nous, comme tout à fait suspendu - l’effort - au dessus de nos gestes.
Si bien que lorsque le maréchal passa, vers vingt et une heures, et qu’il mit un moment à calmer le cheval, à bloquer l’antérieur entre ses deux genoux, lorsque l’on vit l’application suante que mettait son commis à sculpter le fer rougi par le feu, nous restâmes là, admiratifs et séduits, à contempler ce qu’un homme au travail nous rappelait de nos anciennes occupations.

 

23 août 2013

r.u.m.b.a #FF


il existe des choses produites par la suggestion. des objets déduits par l'espoir.

Les métaphysiciens de Töln ne cherchent pas la vérité ni même la vraisemblance : ils cherchent l'étonnement.
Ils jugent que la métaphysique est une branche de la littérature fantastique. Ils savent qu’un système n’est pas autre chose que la subordination de tous les aspects de l’univers à l’un quelconque d’entre eux
. ( je les ai rencontrés. sont tranquilles. )


Fictions. Borges

 

22 août 2013

cahier du retour. extrait.

Nous eûmes l’hiver froid en banderole de souvenirs,
brodés comme mille coussins que les vierges portent en pieta
le soir des
processions nous eûmes des souvenirs glaçants, glacés, qui ne se figeaient pas,
c’était gros à tenir pour un seul flanc de montagne, et dans le maquis, là,
où s’étaient fait tirés de jeunes soldats morts pour la France, à nos enfants morts pour la France, ça veut dire exactement quoi ? et à Porta, population reconnaissante, nous eûmes des élans d’amour aux abords des fontaines, que rien ne contenaient, sinon le petit verre laissé,
pour le berger, pour le berger, les chèvres chevrotaient
nous eûmes les larmes aux yeux à l’heure de tremper nos sexes dans le
torrent qui vient d’en haut.
Nous eûmes tout ceci, et le soir, pris dans le fantomatique sommeil qui
s’abat comme on coupe la tête, nous eûmes le cerveau dans l’étau d’une
vieille histoire, et la croyance selon laquelle, il est faisable, il est possible, de s’endormir amis.

Nous eûmes des relents.
Des images.
Des estomacs vendus en charcuterie pendus la veille.
Au dessus du feu,
au dessus des roches,
au dessus des chevaux qu’un âne avait baisé gratos,
et qui quémandaient, près d’un sceau violet, de quoi remplir la panse
et ruminer la saison.
Nous eûmes le sentiment confus.
Nous eûmes le riz en travers de la gorge.
Nous eûmes la silhouette gris chiné, ( j’aime tant ton déguisement, que je
t’en coudrais cent, pour ne jamais pleurer )
Nous eûmes la certitude que pour une fois, le chantier dégueulasse était
entre nos mains, et qu’il fallait, au mieux,
rajouter une boite aux vitesses, rajouter du cuir au fauteuil, rajouter de
l’eau pour la roue, et éteindre nos voix.

je t'aime nouveau nouveau renouvelé.

as i lay dying

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21 août 2013

toujours je neigeais

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Il parle de l’acte d’écrire, il dit qu’écrire, c’est sauter en dehors de la rangée des assassins.
Pour moi jouer c’est ça.
Les assassins contrairement à ce qu’on pourrait croire, sont ceux qui restent dans le rang, qui suivent le cours habituel du monde, qui répètent et recommencent la mauvaise vie telle qu’elle est. Ils assassinent quoi ? Le possible, tout ce qui pourrait commencer, rompre, changer. Kafka dit qu’écrire, l’acte d’écrire c’est mettre une distance avec ce monde habituel, la distance d’un saut. Il dit, sauter en dehors, sauter ailleurs.
Ça suppose un point d’appui ailleurs.


23 juillet 2013

beaucoup de chiens

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place de l'italie la france les yeux dans le vague trente cinq degrés ta tante se dessèche à l'autre bout des départements, tu passes
au bout du fil de l'eau sur son front, les quatre vingt ans d'un abri ne pèsent pas lourd quand tout fond à la température du feu, toi tu répètes des poèmes en forme de prières aigues, et dans une discussion, sur l'herbe, tu dis, tu dis,
qui dit communion ne dit pas pouvoir, qui dit communion devrait dire puissance, il faut se méfier de nos pouvoirs, si tu montes sur scène, si tu parles dans le micro si tu accroches les oreilles à table, il faut se méfier du pouvoir exercé, mais partager la puissance, oui.
il n'y a pas beaucoup de chiens dans la bible, c'est fou, comme désespérément la phrase colle aux semelles, et s'imprime sur tous les murs croisés, et se croise, croise, croise avec le poème qui dit beaucoup de chiens, justement, des chiens, des anges, des chiens_des anges.
au sol, hier, beaucoup d'hommes dormaient, une main dans le froc, des matelas superposés tu sais pas d'où ils sortent, des cauchemars en légers nuages de fumée par dessus, et quand même une gueule d'ange arraché à l'enfance. l'un d'eux gromelait, monde de chiens, putain de monde de chiens. et je ne pouvais qu'aquiescer, même en marchant sur mes ailes rebondissantes.
et il y avait lui, place d'italie, la france a chaud, il vend des mangues juteuses, il a les yeux accrochés à l'une des tours, je voudrais être là où il pense qu'il est. il faudrait pouvoir mutuellement s'aiguiser.

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22 juillet 2013

il y a très peu de chien dans la bible

ce qu'on sait de quelqu'un empêche de le connaître. ce qu'on en dit, en croyant savoir ce qu'on dit, rend difficile de le voir. on le dit en somnambule, sans sortir du sommeil de la langue. on ne dit pas, on laisse dire. on laisse les mots venir, ils viennent dans un ordre qui n'est pas le nôtre, qui est l'ordre du mensonge, de la mort, de la vie en société. très peu de vraies paroles s'échangent chaque jour, vraiment très peu.
peut-être tombe-t-on amoureux pour enfin commencer à parler. peut-être n'ouvre-t-on un livre que pour enfin commencer à entendre. L'enfant partit avec l'ange et le chien suivit derrière.
dans cette phrase vous ne voyez ni l'ange, ni l'enfant. vous voyez le chien seulement, vous devinez son humeur joyeuse, vous le regardez suivre les deux invisibles : l'enfant rendu invisible par son insouciance, l'ange rendu invisible par sa simplicité. le chien, oui, on le voit.

18 juillet 2013

cahier du retour. extrait.

Je suis deux, nous sommes deux quand nous chantons. J’étais deux déjà quand je chantais et figure toi que j’en pleurais à l’époque et ne connaissais pas qu’être deux c’est chanter bien plus juste et précis. Bien plus profondément, et obscurément dans la vie.
On creuse le trou noir quand on
chante à deux, et le noir devient brillant comme les très beaux tableaux qui y parviennent. Ne plus attendre c’est être dans ce trou sublime. Ne plus attendre et prendre la route du parvis de la bibliothèque les soirs où la Sibérie souffle sur Paris.
Tu vois comment c’est, quand les gens partent et que l’on a
pleuré leur départ avant même qu’ils se soient envolés. Pleuré devant des yeux qui restaient devant des yeux qui restaient devant.

Tu vois comment c’est, se retrouver seul dans un appartement devient délicieux de calme, mais le calme n’est vrai que parce qu’être deux est plus facilement vrai que n’être rien. Chanter c’est entendre comme la voix qu’on a cogne doucement contre les poumons de l’autre, de l'autre en soi, de l'autre devant, et c’est réaliser dans toute son étrangeté que l’on est bien dans ce monde. La chance que l’on a, d’être bien dans le monde. Qui dit bien ne dit pas confortable, qui dit bien, dit vraiment, et vraiment n’est plus alors le mot beaucoup trop prononcé. Vraiment retrouve alors sa lumière froide d’un grand mot plat. On est vraiment dans le monde. Et c’est géant comme la plaine. Et c’est géant comme le noir peut l’être. Et c’est plat comme c’est impénétrable et que l’on marche dessus comme on marche, contre le vent, les soirs de bibliothèque où la Sibérie souffle sur Paris.



Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

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17 juillet 2013

même eux.

 

ILS VENDENT SUR NOTRE DOS

 

digérer ( nul, si découvert )

J’ai fait le tour à toute vitesse.
J’ai rencontré des chiens des brouettes pleines de morceaux
de viande pourris des étalons des sacs de bonbons
avant et après des livres et des femmes des prêtres et des
généraux j’ai rencontré des glaces que j’ai brisées avec
mes pieds et mes poignets
J’ai rencontré des éléphants qui faisaient de la couture
pour les pauvres
Étaient-ils pauvres eux-mêmes ou riches ? J’ai rencontré
des enfants qui surveillaient la cuisson de leurs
parents après avoir mis dans le four la quantité suffisante
de poivre et de laurier. J’ai rencontré des cerfs dont il
ne restait que le petit bout de queue blanc et beige pour
prouver qu’ils étaient cerfs. Ils avaient été longtemps
chassés, du moins c’est ce qu’ils m’ont confessé sans
même que j’aie revêtu mon habit de prêtre et avaient eu
la bonne précaution de vendre à la première ville leur
ramure pour un morceau d’étoffe bleue, voilà pourquoi ils
étaient encore en vie. J’ai rencontré des femmes avec des
enfants et des oeufs pourris sur la tête et du jus sur l’épaule
droite.  ----- gheerbrandt / homme troué / s wespieser

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16 juillet 2013

nous n'avons pas d'autres armes

 

 

 

 

 

 

je tente une note tenue
dans le hall
en acte inaugural